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ni même avec le sentiment national : il s’est opposé notamment, avec opiniâtreté, aux réformes militaires qui devaient augmenter à la fois la durée du service militaire et la force de l’armée. L’honneur du gouvernement actuel et de son chef, M. de Broqueville, est d’avoir passé outre à ces résistances et on peut voir maintenant quel service ils ont par là rendu à leur pays. Quoi qu’il en soit, M. Woeste a écouté les propositions du maréchal von der Goltz, qui est aujourd’hui pour l’Allemagne, — c’est-à-dire pour peu de temps, — gouverneur de la Belgique, et s’est chargé de les transmettre en haut lieu. Il y a été mal accueilli, et l’affaire n’a pas eu de suites. »

L’attaque porte donc sur deux points.

Et d’abord sur mon opposition « opiniâtre » aux réformes militaires.

Aucune réforme n’a été présentée pour augmenter la durée du service militaire. Le parti libéral a préconisé plusieurs fois la réduction à un an de service. J’ai toujours refusé de m’associer à cette thèse. Contrairement à ce que vous croyez, j’ai soutenu de ma parole et de mon vote le projet présenté par M. de Broqueville et dont vous lui faites, à juste titre, honneur. Antérieurement j’avais voté les fortifications de la Meuse, combattues par M. Frère-Orban, et le développement des fortifications d’Anvers, repoussé par la presque totalité des gauches du parlement. Vous voudrez dès lors bien reconnaître, je n’en doute pas, que vous avez été à cet égard très inexactement informé.

Sur le second point, je ne serai pas moins précis. Je ne connais pas le maréchal von der Goltz ; je n’ai eu aucun rapport avec lui ; il ne m’a transmis aucune proposition. C’est assez dire que je n’ai pas pu écouter des propositions qui ne m’ont pas été faites, que, par suite, je ne me suis pas chargé de les transmettre en haut lieu et qu’enfin je n’y ai pas été mal accueilli.

Si vous connaissiez l’âpreté des luttes politiques en Belgique, vous sauriez que le désir de nuire à un adversaire suffit parfois à expliquer les incriminations les plus injustes.

Agréez, je vous prie, avec mes remerciemens, les assurances de ma considération distinguée.

Comte Woeste.