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AUTOUR DE LA CRISE DE 1875
NOTES ET SOUVENIRS


I

L’épisode qui est entré dans l’Histoire sous le nom de « Crise de 1875 » semblait complètement oublié lorsque, il y a quelques mois, a éclaté la guerre. Elle a eu pour conséquence d’en faire, quoique vieux de trente années, un objet d’actualité, au même titre que d’autres épisodes analogues qui se sont succédé depuis comme pour prouver à la France que la menace allemande restait toujours suspendue sur sa tête.

Cette situation si douloureuse pour elle commença à se dessiner après la signature du traité de Francfort et la libération du territoire français ; elle prit corps durant les deux années suivantes et atteignit son point le plus aigu au printemps de 1875. Lorsqu’elle se fut dénouée pacifiquement en des circonstances qu’il est opportun de rappeler aujourd’hui, on pouvait espérer que nous ne reverrions plus rien de pareil. Mais, à l’heure où nous sommes, en évoquant le souvenir des querelles qu’à plusieurs reprises nous a cherchées l’Allemagne avant de jeter le masque et en les rapprochant de la crise de 1875, nous sommes obligés de reconnaître que celle-ci ne fut ni le dénouement libérateur d’un état de choses qui menaçait de devenir tragique, ni un épilogue, mais un prologue, ou pour mieux dire le premier acte de la tragi-comédie que commençait à jouer l’Allemagne en vue de nous tromper sur ses intentions futures, qui ne se sont entièrement dévoilées qu’à la fin de juillet 1914.