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dans les établissemens où sont employés des garçons de moins de 18 ans. Il en résulte que, dans beaucoup d’ateliers où le nombre des jeunes gens était relativement faible, on a préféré cesser d’en employer, plutôt que de réduire la journée de travail des hommes : on ne prend même plus d’apprentis, dont la présence entraînerait cette réduction pour tout le personnel.

La difficulté qui en résulte, dans le placement des enfans, n’a pas seulement pour conséquence de prolonger les charges qu’ils imposent à leurs parens et, par suite, de contribuer à réduire la natalité ; elle n’est sûrement pas étrangère à l’effrayant développement de la criminalité juvénile. Si l’on ne veut pas encourager le vagabondage, qui forme les apaches et les jeunes criminels, il faut absolument supprimer tout intervalle entre l’âge où la fréquentation de l’école est obligatoire et celui où rien n’entrave l’entrée à l’atelier.

La limitation spéciale du travail s’imposait pour les garçons de 13 à 18 ans, quand les journées de douze à treize heures étaient fréquentes dans les ateliers. Elle offre bien moins d’intérêt, depuis que les journées de plus de onze heures sont devenues l’exception. Les besoins et les charges que la guerre aura multipliés dans toute l’Europe vont sans doute ralentir le mouvement d’abréviation de la durée de travail, de multiplication des jours de repos qui se manifestait dans tous les pays, et particulièrement en France. Il n’en est pas moins tout à fait invraisemblable qu’on revienne aux journées démesurées de jadis et, dans l’état actuel, nous croyons que la restriction de la journée de travail, entre 13 et 18 ans, produit beaucoup plus de mal que de bien. Que l’on interdise à cet âge certains travaux particulièrement pénibles, rien de mieux ; mais, en dehors de ces travaux, que l’adolescent puisse participer au fonctionnement de l’atelier pendant toute sa durée normale, c’est une condition nécessaire, à la fois, pour alléger les charges des nombreuses familles et pour réduire le nombre des jeunes gens qui, bien avant leur majorité, ont contracté dans l’oisiveté des habitudes incompatibles avec la fondation d’une famille comme avec toute vie régulière.


En dehors de l’assistance obligatoire, dont nous avons passé en revue les formes principales, il existe une foule de mesures par lesquelles l’Etat et les contribuables viennent en aide aux