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exemple qu’il ne soit pas entièrement à leur charge et que, du moment où les budgets de l’Etat, des départemens et des communes assument légalement des sacrifices pour la vieillesse, ce ne soit pas précisément aux pères de famille ayant élevé leurs enfans de manière à leur assurer une situation convenable, que les contribuables refusent l’aide accordée aux autres.

Les mêmes considérations s’appliquent, à plus forte raison, aux allocations et majorations accordées en vertu de la loi sur les retraites ouvrières et paysannes, qui ne sont qu’une assistance déguisée et généralisée. Si la loi arrivait jamais à jouer complètement, elle coûterait au Trésor 350 ou 400 millions par an, sans compter les frais d’administration, — car on doit évaluer aux environs des trois quarts la fraction des 5 millions de Français âgés d’au moins soixante ans qui pourrait prétendre à l’allocation, fixée normalement à 100 francs, ou aux majorations équivalentes. Nous n’entendons discuter ici ni le principe de l’obligation, ni le mécanisme compliqué adopté pour l’appliquer. Le seul point que nous voulions critiquer, c’est l’allocation de 100 francs aux vieillards qui n’ont pas élevé d’enfans. Sans doute, elle ne peut plus être retirée à ceux qui ont acquis des droits, en se conformant régulièrement, depuis la date fixée par la loi, aux obligations qu’elle impose. Mais, pour tous les assujettis, et ils sont nombreux, qui ne sont pas actuellement en règle avec les prescriptions légales, ainsi que pour les générations suivantes, l’allocation devrait être réservée à ceux qui ont élevé trois enfans, sinon jusqu’à l’âge de 16 ans, au moins jusqu’à celui de 13 ans, qui est celui où les enfans peuvent commencer à travailler d’après la loi ; on pourrait allouer 25 francs, par exemple, à ceux qui ont élevé deux enfans, et une majoration de 50 francs par enfant en sus de deux à ceux qui en ont élevé trois ou davantage. La majoration de un dixième seulement, accordée par la loi actuelle aux retraités ayant élevé au moins trois enfans, est absolument insuffisante pour frapper les esprits.

Il importe de remarquer que les effets de la guerre faciliteront beaucoup, pour les célibataires ou pour les ménages n’ayant pas plus d’un enfant, la constitution de pensions de retraite plus élevées, au moyen de leurs propres versemens volontairement majorés. La grosse difficulté, pour arriver à une rente viagère appréciable, résultait de la baisse du taux de l’intérêt