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actuel. La durée du séjour dans l’armée territoriale et dans sa réserve ne serait pas allongée et pourrait même être abrégée, pour ceux qui y auraient été versés plus tôt, en qualité de pères de deux ou trois enfans ; en tout cas, elle devrait être abrégée d’un an en cas de naissance d’un deuxième enfant après le passage dans cette armée et de deux ou trois ans en cas de naissance d’un troisième enfant. S’il fallait, pour maintenir l’effectif, allonger le séjour des célibataires dans l’armée territoriale, rien n’y mettrait obstacle. Il faudrait seulement bien spécifier qu’en cas d’appel par classe, les pères de famille ne marcheraient qu’avec la classe plus âgée à laquelle ils seraient assimilés au point de vue de la libération,

La législation militaire sera sans doute modifiée, après la terrible expérience à laquelle elle vient d’être soumise, et la charge sera sans doute allégée, après l’abaissement de l’Empire qui était une menace permanente pour la paix du monde. Mais, quelle que soit la durée de service définitivement admise, des différences analogues à celles que nous venons d’indiquer, ou même plus fortes, seraient admissibles. L’appel en temps de guerre jusqu’à un âge plus avancé, la multiplication en temps de paix des périodes d’exercice nécessaires pour conserver un certain entraînement, constituent des charges qu’il est tout naturel d’imposer principalement aux célibataires. Envoyer d’office au feu des pères de famille ; mettre à la charge du budget d’innombrables pensions de veuves et d’orphelins sont des nécessités que l’exemple et les menaces de la Prusse ont imposées progressivement au monde entier ; même allégées, il faudra sans doute encore les subir, mais en reportant le plus possible les charges militaires sur les hommes qui ne contribuent pas au développement de la population. Ce serait là un des encouragemens les plus efficaces au mariage assez prompt, après le service dans l’armée active, et à la naissance du troisième enfant…


Après avoir envisagé ce que l’Etat demande aux citoyens, voyons ce qu’il leur donne. Nous laissons de côté, bien entendu, les secours alloués librement aux indigens, qui, eux aussi, devraient être accordés surtout aux familles nombreuses, mais pour lesquels il n’existe aucun droit reconnu, aucune règle positive. Nous omettons également l’assistance aux enfans, qui ne saurait être trop largement ouverte dans un pays à faible