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enfin, plus de 300 canons de 152, 138, 102 et 76 millimètres, — et je ne parle pas de l’armement des croiseurs, — aurait certainement satisfait aux besoins, s’il n’existait pas, dans cet étranglement à double courbure de Tchanak-Nagara, que connaissent bien déjà mes lecteurs, quelques ouvrages de style nouveau, fortement bétonnés et tirant sous coupoles, ou plus probablement sous casemates, des pièces Krupp de 355 millimètres, au nombre de six à huit, et disposées deux par deux, semble-t-il.

Depuis longtemps instruite de cette circonstance, l’Amirauté anglaise a donné à sa nouvelle flotte méditerranéenne le précieux renfort d’un super-Dreadnought, dont l’achèvement est tout récent, la Queen Elizabeth, magnifique unité de 27 000 tonnes » armée de 8 pièces de 381 millimètres, de 16 canons de 152 et de 12 de 76 millimètres.

J’ajoute, ce qui n’est pas indifférent ici, surtout s’il s’agissait d’exécuter un passage de vive force sous le feu des 355 millimètres Krupp, que le nouveau cuirassé britannique couvre ses flancs de plaques de 343 millimètres, tandis que le blindage des pré-Dreadnoughts, — Agamemnon excepté : celui-ci arrive à 305 millimètres ; , — varie de 152 à 228.

Autour de ce puissant corps de bataille, formé de 17 à 18 cuirassés et, je crois, du croiseur de combat Inflexible, véritable cuirassé rapide, le vice-amiral Cardon groupe un grand nombre de bâtimens légers, de flottilles de, « destroyers » et de sous-marins, enfin de navires auxiliaires, dont plusieurs installés en dragueurs de mines et un disposé pour le service de l’aviation navale.

De l’autre côté des détroits, l’escadre russe de la Mer-Noire, dont j’ai eu l’occasion de parler ici déjà[1], présente ses six cuirassés, — sept peut-être, si l’on a pu achever et mettre au point le beau dreadnought Impératrice-Marie, — ses deux grands éclaireurs, ses quatre flottilles de torpilleurs de haute mer, ses dragueurs de mines, ses sous-marins, etc.

Quant à la marine turque, elle se trouve réduite à peu de chose. On sait que le Messoudieh fut coulé par le sous-marin du lieutenant Holbrook. Le Gœben est hors de cause. Outre les avaries que lui avaient faites les canons russes, il porte dans ses œuvres vives une large brèche causée, dit-on, par

  1. Voyez, dans la Revue du 13 novembre 1914, La marine dans la crise orientale.