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sortie de Pola, il y a quelques jours, signalait sa présence au Nord du canal d’Otrante en bombardant Antivari. Mais le gros de notre armée navale est là. Le détachement qu’elle a fait au profit de la flotte combinée des Dardanelles lui laisse une force bien supérieure à celle de son adversaire de l’Adriatique. En dépit des appels pressans qui leur viennent du Bosphore, les Autrichiens n’auront pas l’imprudence de descendre dans le Sud. Et cette réserve afflige nos marins. Tout au plus peut-on admettre quelques entreprises de bâtimens légers et de sous-marins contre nos convois. Nos croiseurs, nos flottilles sauront y parer efficacement et sans doute nous n’aurons pas trop à regretter que des circonstances impérieuses ne nous aient pas permis d’en finir tout de suite avec la marine autrichienne, alors qu’au début des hostilités celle-ci pouvait être écrasée dans son grand arsenal de l’Istrie, très médiocrement défendu à cette époque.

L’effectif de la force navale mise en jeu dans l’opération qui nous occupe n’a pas été, que je sache, officiellement donné. En relevant, dans les communiqués anglais qui se sont succédé depuis le 20 février, les noms des principales unités citées, — cuirassés et croiseurs de combat, — on arrive à en compter une quinzaine, le détachement français non compris. Ce détachement n’est autre que la division cuirassée du contre-amiral Guépratte, composée de bâtimens anciens (Suffren, Bouvet, Gaulois, Charlemagne), qui avaient fait fort bonne figure dans les manœuvres de l’armée navale, en mai 1914[1]. La plupart des cuirassés anglais (Vengeance, Canopus, celui-ci revenu de l’Atlantique Sud et des Falkland, Agamemnon, Cornwallis, Triumph, Irrésistible, etc.) sont aussi des pré-Dreadnoughts, caractérisés par ce fait qu’ils n’ont chacun que quatre bouches à feu de 305 millimètres, avec, il est vrai, une douzaine de canons de 152, tandis qu’à partir du Dreadnought, successeur immédiat de l’Agamemnon, le nombre des gros canons s’élève à dix, le calibre de l’artillerie moyenne descendant à celui de 102 millimètres.

La constitution d’un parc de siège flottant, mobile, relativement rapide, qui comporte au moins une soixantaine de pièces de 305 millimètres, une trentaine de 254, 234 et 190,

  1. Voyez mon étude sur les manœuvres dans la Revue du 1er août 1914.