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de régler les conditions de l’union : mais, de cette union, ils ne voulaient pas entendre parler. Il ne leur restait qu’à rentrer chez eux.

Ils trouvèrent leurs compatriotes en révolution, Entre Roumains et Hongrois se produisent des scènes de violence qui font couler le sang. Le gubernium, malgré l’attitude loyaliste des premiers, dissout le Comité national. Le 16 septembre, dans une seconde assemblée réunie également à Blasendorf, les Roumains refusent de reconnaître le gouvernement insurrectionnel de Pesth et de lui fournir des conscrits. De nouveau, ils réclament l’ouverture d’une Diète transylvaine, avec une représentation proportionnelle des diverses nationalités, tandis que le commissaire du gouvernement hongrois cherche à réaliser l’union par la force. Les hostilités de races se déchaînent et s’unissent : Magyars et Szeklers d’une part, Roumains et Saxons de l’autre. L’armée se partage suivant la nationalité des régimens. Le loyalisme des Roumains s’accentue d’autant plus que leurs adversaires ont complètement rompu avec le gouvernement de Vienne. La situation, jusque-là favorable aux armes impériales, tourne en faveur de l’insurrection quand le général polonais Bem est nommé commandant en chef des forces insurrectionnelles en Transylvanie. Bem se rend maître de la principauté tout entière. Il cherche, notamment par une amnistie, à pacifier le pays, mais il est débordé par les fureurs sanguinaires de ses troupes, auxquelles son successeur Csanyi donne libre cours. L’amnistie est révoquée, des cours martiales sont instituées et les Roumains, comme les Saxons, soumis à une persécution qui fait beaucoup de victimes. Les montagnards roumains qui, sous le nom de Motzes, habitent les chaînes du Bihar et de la Vlaghiasia résistent seuls aux Hongrois. Ceux-ci essaient d’avoir raison de cette résistance par des promesses de nature à la désarmer et profitent des négociations auxquelles elles donnent lieu pour occuper Abroud, qui est repris, perdu et repris par leurs adversaires. C’est alors que l’Autriche, désespérant de son salut, fait appel à la Russie. Les armées russes interviennent, le général Luders entre en Transylvanie, Paschkewitch en Hongrie, et le général magyar Gorgey signe le 13 août 1849 la capitulation de Villagos.

L’issue de la lutte avait relevé, bien qu’elle eût failli y périr, le prestige de la monarchie et fait comprendre à la Hongrie la