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Il ne se dissimulait pas d’ailleurs que le sort de la Transylvanie dépendait de celui de la Hongrie « parce que, la ville prise, la citadelle ne tient pas longtemps. » Sa plus grande force, ce semble, aurait dû lui venir des Szeklers, c’est-à-dire du rejeton le plus vigoureux de la race ongrienne, mais ici encore le patriotisme avait raison du patriotisme, les officiers des Szeklers les libérant du service militaire pour assurer la culture de leurs terres.

Les opérations n’empêchaient pas des négociations où intervenaient la France d’une part, l’Empereur et ses alliés de l’autre. La bonne volonté de la cour de Versailles, qui commençait seulement à se rendre compte de l’importance de la diversion due à l’insurrection, ne pouvait se manifester que par des subsides d’ailleurs insuffisans. Opérations et négociations languissaient également. L’ardeur du début diminuait dans les troupes à mesure qu’elles étaient soumises à une discipline destinée à leur donner plus de solidité, mais à laquelle des bandes de volontaires refusaient de se soumettre. Les négociations avec l’Empereur, tout en traînant en longueur, entretenaient des espérances pacifiques qui affaiblissaient l’élan des défenseurs de l’indépendance. La Diète d’Onod, après avoir paru s’associer à l’hostilité d’une minorité bruyante, se retourna en faveur du prince et vota d’enthousiasme la déchéance de Joseph Ier. Rakoczy, qui sentait de plus en plus ses moyens paralysés par la désorganisation politique et militaire, prêtait l’oreille à des propositions du Tsar pour le faire monter sur le trône de Pologne, au risque de se faire un ennemi du roi de Suède, Charles XII. La victoire du général impérial Heister à Trenczin (4 août 1708) livra aux Autrichiens la haute et la basse Hongrie. L’agent du prince à Versailles, le baron de Veltes, n’obtenait que des subsides et se confirmait dans la conviction qu’une réconciliation avec l’Empereur était la seule issue possible. D’autre part, les négociations de Rakoczy avec le général impérial Paffy mettaient en évidence la résolution persévérante de la cour de Vienne de ne pas reconnaître son élection en Transylvanie. En février 1710, le premier passa en Pologne pour se rapprocher des forces moscovites. Il n’en revint que pour signer la paix de Szathmar et retourna en Pologne d’où il partit pour la France. Le traité sanctionnait la Constitution nationale et accordait une amnistie (janvier 1711).