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Autriche, Silésie, Moravie et des colons serbes de la Hongrie méridionale que les Hongrois désignaient sous le nom de Rasciens. Elu prince de Transylvanie, il apprit, en même temps que son élection, la défaite des Français à Blenheim, qui rendait sa jonction avec l’électeur impossible. A Agria, où il prit en 1705 ses quartiers d’hiver, les troupes qu’il passa en revue atteignaient un effectif de 75 000 hommes. A la suite de plusieurs revers qui ne l’empêchèrent pas de tenir tête à l’ennemi, il convoqua à Szecseny pour le 1er septembre 1705 les députés des comitats et des villes libres. L’assemblée décida de former une confédération comme on en faisait en Pologne et, l’élevant sur un bouclier, l’en proclama le chef. Il mit fin ensuite, à la satisfaction des deux partis, par l’attribution des édifices du culte aux diverses confessions religieuses, à des compétitions qui compromettaient l’union du pays et le succès de la cause nationale. Une délégation fut nommée pour demander aux États, convoqués à Vacharheil afin de l’investir de sa dignité, de se joindre à la confédération de Seczin. Rakoczy s’y rendit au mois de mars 1707. Avant de procéder à cette investiture, il fallait arrêter la capitulation qui devait régler les droits du prince et des États. La question se présentait sous d’assez mauvais auspices. On accusait le chef des mécontens d’avoir hérité de ses ancêtres l’ambition de rendre la principauté héréditaire dans sa maison ; d’autre part, il était bien décidé à ne pas accepter la capitulation humiliante imposée au dernier woïvode Apaffy. Les événemens ne justifièrent pourtant pas les craintes qu’on pouvait avoir au sujet de ses rapports avec les États. S’il dut se résigner à leur refus d’admettre dans la principauté un évêque catholique, l’accord se fit sur la capitulation. Rakoczy nomma ensuite les conseillers qui devaient, lorsque les États ne siégeaient pas, les représenter auprès de lui et sans l’avis desquels il ne pouvait rien faire. Le prince n’en avait pas fini toutefois avec la défiance de la Diète, non plus qu’avec l’esprit particulariste de l’aristocratie transylvaine. La Diète donna une nouvelle preuve de cet esprit en adoptant une loi qui permettait aux magnats de rappeler leurs sujets enrôlés sans leur consentement. Rakoczy s’y opposa vainement. C’était la ruine des recrutemens et des effectifs et, en le constatant, le prince ajoutait cette réflexion générale et mélancolique, que « c’est le sort des princes électifs d’être toujours soupçonnés. »