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Presbourg s’associa à ses résolutions et le proclama roi de Hongrie (25 août 1620). Mais la défaite des Tchèques à la Montagne-Blanche ruina les espérances que les débuts de son intervention avaient fait naître. Il sut, du moins, tout en négociant, en imposer assez par sa résistance pour obtenir un traité (paix de Nikolsbourg, 1621) par lequel, en renonçant à la couronne de Hongrie, il conservait la Transylvanie accrue des duchés silésiens d’Opeln et de Ratibor et de quelques annexes hongroises, et obtenait pour ses coreligionnaires de Hongrie la liberté de conscience. Cette paix n’était pour lui qu’un pis-aller. Elle ne lui fit pas perdre l’espoir de ménager, par des alliances avec la Porte et l’Empire, l’indépendance des deux pays qu’il ambitionnait de réunir. Il se livra pour cela à des négociations actives avec les agens des cours européennes à Constantinople. Il reprit les armes, mais les échecs de Mansfeld et de Brunswick, avec qui il devait combiner son action, lui firent comprendre qu’elle était inopportune, et il s’en tinta la confirmation du traité de Nikolsbourg. Son esprit remuant envisagea même en 1624 le projet d’un rapprochement avec les Habsbourg, fortifié par une alliance matrimoniale ; mais, éconduit à la Cour impériale, il demanda une femme à la maison de Brandebourg. Ce prince entreprenant et si richement doué rêvait encore, quand il mourut en 1629, le trône de Pologne.

Chaque vacance de la woïvodie mettait en péril l’indépendance de la principauté et devait donner lieu aux revendications de l’Autriche qui pouvait invoquer en cas de mort sans enfant la réversibilité stipulée par les traités. Gabriel Bethlen n’en laissait pas. Sa mort mit en présence sa veuve Catherine de Brandebourg, soutenue non seulement par l’électeur son parent, mais encore par la France, la Hollande et la Suède, et, d’autre part, un magnat, Georges Rakoczy, dont la famille avait déjà fourni un woïvode à la Transylvanie. Ses premières années furent trop troublées pour lui permettre de participer, comme son prédécesseur, à la grande lutte européenne qui allait prendre, grâce aux succès de Gustave-Adolphe, une tournure menaçante pour l’Empire. Mais sa situation se trouva dégagée par la retraite du palatin de Hongrie Esterhazy, qui opérait mollement pour l’Empereur, puis affermie par une intervention ottomane et par la diversion du roi de Suède.

Kakoczy entra en rapport avec Gustave-Adolphe. En 1632,