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vos amis, » ces fières paroles : « Je tiens à mon indépendance, je suis responsable devant ma conscience, et devant mes électeurs. Je me suis tracé une ligne de conduite et je la suis. »

Le 9 juin, il demande au gouvernement de déposer sans retard le projet de budget pour 1910. « Nous devions l’avoir en carême : c’eût été de saison, puisque nous sommes dans la période des vaches maigres ; les plus sceptiques espéraient l’avoir à Pâques ou à la Trinité. La Trinité est passée, et le budget n’est pas venu. » Il développe les fâcheuses conséquences de ce retard chronique, et compare le travail des législateurs qui étudient les finances à la dernière heure à celui des mauvais écoliers qui, n’ayant rien fait de l’année, mettent les bouchées doubles afin d’achever, vaille que vaille, leurs devoirs à la veille des vacances.

Le 8 juillet 1909, il fait un exposé lumineux de ce que doit être, selon lui, la législation douanière. Il juge utile, pour favoriser la conclusion de conventions commerciales avec l’étranger, pour nous ménager des débouchés à l’extérieur, de fournir au gouvernement certaines armes, non de combat, mais de négociation. Orientons-nous, dit-il, vers les traités de commerce. Ne nous hérissons pas de tarifs trop élevés et réfléchissons avant d’aller aux outrances de la protection exagérée.

Le 18 novembre, il critique le budget, qui a dépassé 4 milliards, et il termine par ces belles paroles : « Aussi longtemps qu’on méconnaîtra le lien indissoluble qui unit ces trois termes, la paix à l’extérieur, l’apaisement à l’intérieur, les réformes et l’économie, on pourra bien faire de vaines apparences de réformes ; en réalité, on se condamnera à l’impuissance et à la stérilité. »

Au cours de sa seconde législature, de 1910 à 1914, il fut constamment sur la brèche, pour défendre nos finances contre les excès de dépenses d’un côté, les réformes téméraires de l’autre.

Si l’on essaie de résumer l’action législative de Pierre Leroy-Beaulieu, on peut dire qu’elle ne cessa de s’exercer dans le sens de l’intérêt général. En dehors de la défense de certaines réclamations locales, qui ne prit qu’une petite place dans sa féconde activité, tous ses efforts se tournèrent vers les finances publiques, dont la gestion l’inquiétait à juste titre. La profession de foi