Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 26.djvu/560

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entreprenant des travaux publics inutiles, mais qui permettaient de payer de grasses journées aux sans-travail. En Nouvelle-Zélande, une étendue maximum a été imposée à la propriété foncière ; l’Etat a reçu le pouvoir d’exproprier les propriétaires dont les domaines dépassaient certaines étendues. En Nouvelle-Galles du Sud, le gouvernement a été autorisé à reprendre aux squatters une partie des terres qui leur avaient été concédées, en se bornant à réduire, en guise d’indemnité, le fermage du restant. L’Australie est aussi la terre d’élection du féminisme, et sous ce rapport, elle plaisait à Pierre Leroy-Beaulieu : la Nouvelle-Zélande et l’Australie du Sud ont accordé aux femmes le droit électoral politique.

Les expériences socialistes n’ont pas amélioré la situation, et lorsque, en 1901, l’auteur du volume : Les nouvelles sociétés anglo-saxonnes, publiait une deuxième édition de son ouvrage, il avait le droit d’affirmer que les événemens qui s’étaient déroulés depuis ses premières observations en avaient démontré l’exactitude. L’immigration s’était ralentie : ces vastes contrées n’ont plus d’attrait pour les colons. L’intervention abusive de l’Etat a enlevé à la société australienne son élasticité, sa force de récupération ; elle a diminué les énergies individuelles et tué l’esprit d’initiative. On a demandé au gouvernement de remédier à des maux contre lesquels il est impuissant, et il n’a fait que les aggraver en essayant de les guérir. Ni les hommes, ni les capitaux, dont un pays neuf ne saurait se passer ne viennent plus en Australie. Augmentation de la misère et des charges publiques, aussi lourdes qu’en France et en Angleterre, arrêt du progrès, voilà le bilan des expériences tentées dans ces régions : cependant, comme l’usine n’y joue qu’un rôle secondaire, les lois imprudentes sur le travail ne produisent pas une commotion aussi désastreuse qu’elles le feraient dans des sociétés essentiellement industrielles. Il semble d’ailleurs qu’une réaction commence à se manifester en divers endroits et que, instruits par leurs souffrances, les Australiens essayent de s’organiser d’une façon plus rationnelle.

Le second volume né des voyages entrepris par l’auteur fut celui qu’il intitula : La Rénovation de l’Asie. Publié au début de 1900, il réunissait l’ensemble de ses études sur la Sibérie, la Chine et le Japon. Il paraissait au moment où la révolte des Boxers déterminait l’envoi du corps expéditionnaire