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proposé, il s’enferma, pour préparer son examen, chez un prêtre qui habitait en face de l’Ecole : de la fenêtre de son cabinet de travail, le candidat voyait les hautes murailles de la maison séculaire de la rue Lhomond, qui devint sienne en 1890, à la date même qu’il s’était fixée. Il en sortit pour faire son stage d’officier d’artillerie à Fontainebleau.

Dès son séjour dans cette ville, il commença à tourner son esprit vers les occupations qui devaient être celles de sa vie. C’est là qu’il écrivit, au mois de février 1894, son premier article pour l’Économiste français, la revue fondée, il y aura bientôt un demi-siècle, par son père, dont l’action est si grande et le nom si justement réputé. Le choix du sujet, l’entrée des Français à Tombouctou, indiquait à lui seul le programme d’une partie de l’activité future de Pierre Leroy-Beaulieu. Son ardente curiosité était attirée par les continens nouveaux qui s’ouvraient à la civilisation européenne, et par les nombreux problèmes que soulève l’administration des vastes territoires que nos admirables officiers ont annexés à la mère patrie. Il n’ignorait pas l’intérêt que son père portait aux questions africaines : c’était un témoignage d’affection filiale qu’il lui donnait en débutant par cette étude. En 1895, le jeune lieutenant d’artillerie entreprit un voyage autour du monde, qui, dans sa pensée comme dans celle des siens, était le complément indispensable de son éducation et qui, en le mettant en contact direct avec les diverses parties du globe, devait lui donner cette connaissance immédiate des hommes et des choses, aujourd’hui plus nécessaire que jamais pour la formation complète de l’intelligence et la conduite des affaires publiques et privées.

Au cours de ces voyages ou plutôt de ces séjours à l’étranger, pas une minute n’était perdue, toute l’intensité d’une observation pénétrante était mise au service d’un esprit admirablement préparé à comprendre les sociétés, si différentes de la nôtre, dont il analysait les ressorts pour nous en expliquer la marche. C’est dans une vingtaine d’articles publiés par la Revue des Deux Mondes, de 1896 à 1905, et dans quelques centaines d’articles parus dans l’Économiste français au cours des vingt dernières années que se trouve la meilleure part du trésor de documens et de réflexions amassé par notre collaborateur dans les deux hémisphères. L’Afrique, l’Australie, le Japon, les États-Unis, le Mexique, la Sibérie, la Chine l’ont successivement attiré ; il