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outre l’exiguïté du mouillage limité par les jetées convergentes, le courant violent issu du canal aurait gêné les mouvemens des vapeurs. D’autre part, certains esprits chagrins considéraient inopportun de laisser jour et nuit au commerce pleine liberté de circulation dans l’unique issue de l’arsenal. A les entendre, cette liberté absolue eût pu causer des surprises en temps de guerre, favoriser par exemple l’obstruction du canal, dont la largeur ne dépassait pas 100 mètres. La C. P. B. réduisit à néant ces appréhensions, en proposant de construire le port marchand au Nord et à l’extérieur de l’avant-port. Mais l’exécution de ce projet nécessitait des dépenses considérables.

L’élargissement du canal a répondu aux craintes d’obstruction. Désormais l’embouteillage est illusoire, d’autant plus que le brise-lames extérieur ménage deux issues. L’amiral de Cuverville, alors chef d’état-major général, lutta avec opiniâtreté pour cette double issue et il finit par obtenir gain de cause.

Quant au port marchand, on abandonna les solutions bâtardes, pour porter le centre du trafic en eau calme, dans la baie Sébra, qui s’ouvre en marge du goulet et mesure 900 mètres sur 600.

En septembre 1909, l’amiral de Lapeyrère ayant accordé l’affectation de cette baie aux opérations commerciales, les travaux de remblayage commencèrent aussitôt.


Bizerte et Toulon, bases inséparables de la première armée navale, se partagent, nous l’avons dit, les réparations, le ravitaillement et le carénage des unités grandes et petites : Bizerte « double » Toulon. La défense du littoral nord-africain est fonction de la puissance de Bizerte et le renforcement naval austro-italien nous impose l’obligation de nous retrancher fortement dans le bassin occidental de la Méditerranée. Il est donc indispensable d’armer sérieusement Bizerte, de soustraire Sidi-Abdallah à une surprise par terre et de consentir les sacrifices nécessaires pour doter l’arsenal d’un outillage complet et d’un personnel technique adéquat.

Qu’il soit permis à l’un des « ouvriers de la première heure, » activement melé à l’achat des terrains, à la défense de la place et à l’installation de la Défense mobile, de réclamer de l’esprit