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des affaires, comme M. de Gwinner, le directeur de la Deutsche Bank, ou M. Ballin, le roi de la navigation allemande. Avec un autre richard aussi inexpérimenté, le prince de Hohenlohe-Oeringen, il a fondé le fameux trust des princes, exemple unique, je crois, d’une association de grands seigneurs faisant audacieusement concurrence à la finance, au commercé et à l’industrie. Le trust a entassé en quelques années entreprise sur entreprise, à commencer par de grands hôtels de luxe a Berlin et à Hambourg. Mais le krach ne s’est pas fait attendre ; aujourd’hui, le prince de Hohenlohe est ruiné, et son associé a été obligé d’hypothéquer pour plus de vingt millions de marks ses terres patrimoniales.

Comme plusieurs de ses pareils, Guillaume II a besoin d’être amusé, le rire étant le propre des rois aussi bien que des autres humains. Le prince Max Egon est un joyeux conteur d’historiettes, un gai compagnon ; il possède une faconde viennoise intarissable. Cela suffit apparemment à expliquer son succès. On s’obstine toutefois dans certains milieux à lui attribuer un empire occulte sur son impérial patron et à voir en lui l’homme important penché derrière le trône pour glisser des conseils à l’oreille du souverain. Qu’il ait servi de trait d’union occasionnel entre Vienne et Berlin, entre l’archiduc héritier et Guillaume II, c’est assez vraisemblable. A l’issue de la guerre des Balkans, l’Empereur avait paru abandonner son allié dans ses vains efforts pour faire réviser le traité de Bucarest. Furstenberg a pu contribuer aussitôt après à rétablir l’entente sur son ancien pied d’intimité et de confiance ; il a pu, avant l’assassinat de l’archiduc, s’entremettre entre les deux compères pour préparer le plan d’une guerre de revanche qui, en indemnisant l’Autriche-Hongrie de ses mécomptes, établirait sur l’Europe continentale la suprématie de l’Allemagne. Lui prêter un autre rôle semble exagéré et au-dessus de son intelligence. Il y aurait ainsi à son actif une certaine part de responsabilité.,


V

Aux termes de la Constitution de 1871, l’Empire est une réunion d’Etats confédérés. L’Empereur ne devrait être, à la tête des autres princes régnans, que le primus inter pares revêtu de prérogatives et de pouvoirs très étendus. Lors du