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de leurs résolutions : à elles de les prendre. Rappelons seulement que c’est parce qu’il avait été à la peine que l’étendard de Jeanne d’Arc a été à l’honneur.


Nous ne dirons que peu de chose du Congrès socialiste de Londres : on y aurait, en somme, prêté peu d’attention s’il n’avait pas été malencontreusement illustré par la présence de deux ministres français, M. Sembat qui y était réellement, et M. Jules Guesde qui s’était excusé pour cause de maladie, mais qui avait aveuglément donné son adhésion atout ce qu’on y déciderait, et en effet il le savait d’avance, il n’avait qu’à se souvenir. L’ordre du jour voté à Londres a ressemblé à ceux qui l’avaient précédé dans d’autres Congrès.

On y a retrouvé la guerre de classes, le pacifisme avec toutes ses chimères dont la niaiserie apparaît en ce moment si manifeste, la distinction entre les peuples qui sont pour nous des frères et leurs gouvernemens qui sont seuls des ennemis, l’espérance qu’après la guerre les nations libérées, dont on n’excepte pas l’Alsace-Lorraine, seront admises à disposer de leurs destinées, c’est-à-dire à énoncer leur volonté par plébiscite, etc., etc. Le morceau se termine par une attaque contre le gouvernement russe pour ses méfaits habituels. M. Sembat était-il là à sa place ? Nous voudrions lui trouver une excuse : peut-être a-t-il cru qu’en y allant il exercerait une heureuse influence sur le Congrès et l’empêcherait de voter ces inepties dangereuses ; mais, dans ce cas, il a trop présumé de son influence : il a dû se soumettre à Londres et peut-être aurait-il dû ensuite se démettre à Paris. Il est vrai que le Congrès a décidé que la guerre actuelle devrait être poursuivie jusqu’au bout pour produire ces beaux résultats, ce qui nous donne une satisfaction immédiate, sauf à [subir mille maux par la suite. Contentons-nous de la satisfaction immédiate : c’est le plus important aujourd’hui, et à chaque jour suffit sa peine. Quoi qu’il en soit, si M. le président du Conseil a autorisé M. Sembat à aller à Londres, il en a été puni par l’embarras qui en est bientôt résulté pour lui. Comment ne l’avait-il pas prévu ? La désapprobation a été générale. M. Viviani s’en est tiré, nous le reconnaissons, par un discours éloquent et où il n’y a rien à reprendre. Après avoir repêché de son mieux M. Sembat et M. Guesde et assuré qu’il ne saurait trop se louer de la collaboration de tous ses collègues sans exception, il a paru oublier le Congrès de Londres ; mais, en affirmant de nouveau la politique du gouvernement, il en a pris le contre-pied sur tous les points. Les journaux racontent qu’à