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C’est là leur grande, leur irrémédiable faiblesse. Et comme on sent la nécessité de la continuité dans leur action pour obtenir l’intimidation recherchée, on se trouvera conduit à organiser de fréquentes relèves. Mais tout cela fait beaucoup d’allées et venues, de longs voyages trop souvent répétés et donc, des avaries, des réparations prolongées, bref, là encore, des causes de retard, d’amoindrissement de la période d’utilisation réelle.

C’est pour obvier à ces inconvéniens, autant que pour ménager les approvisionnemens en torpilles automobiles, engins coûteux, compliqués, d’une fabrication assez lente, d’un réglage délicat, que l’on compte faire un large usage des mines automatiques. Sans doute le résultat est, là, plus aléatoire. Quand on laisse tomber un chapelet de ces engins à l’entrée de la Mersey, on n’est point assuré que les vapeurs passeront dessus. Il y a de la place à droite et à gauche. Et puis, les Anglais, parfaitement prévenus et outillés, dragueront leurs chenaux sans relâche. Enfin, il faut compter avec les courans, avec les gros temps, qui déplacent les mines… Tout de même, grâce au nombre, les mines, pense-t-on, feront du mal. Et elles agiront toutes seules, en l’absence du sous-marin. Elles le représenteront. Ce sont décidément des armes aussi commodes qu’efficaces pour un blocus, disent les Allemands.

En ce qui touche l’attaque directe d’un paquebot par le sous-marin et puisque, pour ménager certains neutres, il faudra se résigner à ne point éventrer une fois pour toutes, avec une torpille, le malheureux bateau qui s’approche, inconscient du péril, le canon de 50 millimètres fera fort bien, point assez puissant pour ouvrir tout de suite une brèche dangereuse, mais qui lance un obus dont les effets peuvent impressionner équipages et passagers. Seulement, pour tirer, il faut émerger, se découvrir. Cela peut exposer à de fâcheuses surprises. Évidemment les paquebots vont s’armer. Qui sait ? Les modestes cargos en feront peut-être autant. Tels, autrefois, les « marchands » en se risquaient dans les mers de Chine, ou seulement dans l’Archipel, qu’en se ceinturant de caronades, de pierriers, d’espingoles. Et ainsi, sur mer comme sur terre, à force de progresser, si j’ose ainsi parler, nous reculons. Nous bouclons la boucle.

Quant aux bombes à main, ou plutôt aux pétards destinés à rompre par l’intérieur la membrure et le bordé, ce sont engins courtois, humains, qu’on n’emploiera qu’à l’égard des bâtimens