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Sud de la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours. Il place lui-même son poste de combat à la chapelle. Toutes ces dispositions ont été prises sur l’heure, et les hommes, à peine dans leurs cantonnemens, ont été chargés de pioches et de pelles et envoyés, avec une compagnie du génie belge, mettre en état de défense les lisières extérieures de la ville. On doit se contenter de pourvoir au plus urgent : l’ennemi nous presse de partout. Il s’insinue autour de Dixmude. Quelques shrapnells tombent déjà sur la ville, dont les habitans ne vont pas tarder à déménager. Cependant, la voie ferrée est intacte et, précisément, on attend à Dixmude les derniers trains de matériel venant d’Anvers. « Coûte que coûte, » — c’est un mot qui reviendra bien souvent dans les ordres de l’état-major et auquel la brigade se pliera sans observation, — il faut protéger la ligne, tenir l’ennemi à distance. Deux, trois trains passent. Les étranges convois ! Jusqu’à la nuit, ils arrivaient, tous feux couverts : les mécaniciens ne sifflaient pas au disque : on n’entendait que le halètement sourd de la machine, pareil au grand soupir de ces plaines dévastées…

Le soir même, nos grand’gardes de la route d’Eessen étaient attaquées par une auto-mitrailleuse allemande venant de Zarren : elles repoussaient l’attaque ; mais nous étions vraiment là trop à découvert, trop « en l’air. » L’amiral estimait peu prudent de garder un front aussi vaste avec des troupes numériquement aussi faibles et dont l’ « écoulement » demanderait un assez long temps. À Dixmude, au contraire, où l’Yser oblique vers la côte et dessine un rentrant tourné vers l’ennemi, la position permettait à notre artillerie un tir concentrique particulièrement favorable à l’attitude défensive qui nous était commandée. Il n’y avait plus lieu d’invoquer les considérations qui nous avaient obligés à étendre notre front : tous les transports venant d’Anvers avaient pu s’opérer en temps opportun. Désormais le sort de l’armée belge était assuré ; son matériel avait rejoint, et elle-même, sauf quelques effectifs faits prisonniers à la sortie d’Anvers ou rejetés en Hollande et les divisions qui nous prolongeaient jusqu’à la mer du Nord, se trouvait à l’abri derrière l’Yser, en liaison avec le corps anglais et l’armée du général d’Urbal : la brigade pouvait donc, sans inconvénient, resserrer sa défense autour de Dixmude.

Le commandement belge, passé entre les mains du général