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port de Hong-Kong est précisément d’être port de transbordement. On ne peut donc pas être assuré que les marchandises qui sont signalées comme faisant l’objet d’un trafic direct avec cet immense emporium sont de fabrication anglaise, proviennent de l’industrie même de Hong-Kong ou de la Grande-Bretagne. La France, dans ses importations directes, ne vient que pour un chiffre minime de moins de 40 000 francs ; mais il ne faut pas perdre de vue, encore une fois, que les échanges avec notre pays ou avec d’autres peuvent être extrêmement importans, sans mériter d’être classés dans les importations directes. Ce sont des échanges qui se font par l’intermédiaire de ports de transbordement, qui sont dénationalisés, par le fait qu’ils viennent sous pavillon étranger. Toujours dans ce commerce direct, le total de l’exportation spéciale atteint à peu près 38 millions de francs pour la dernière année dont il soit possible de se procurer les statistiques. On est tout étonné de constater que, cette fois, la part de la France est énorme ; elle représente à peu près 18 millions de francs. Cela s’explique par ce fait que beaucoup de navires, n’appartenant point au pavillon français, chargent directement vers un de nos ports, notamment Marseille, la matière première indispensable à certaines de nos grandes industries, qu’il s’agisse de soie, qu’il s’agisse d’huiles. Dans les exportations directes, l’Allemagne tient la seconde place, tout comme pour les importations directes, mais pour un chiffre d’environ 9 millions seulement. Cette fois, la part du Japon est assez faible, quelque 3 millions et demi. Pour la Grande-Bretagne, elle n’atteint pas un chiffre très notablement supérieur à celui de la petite Belgique, qui avait réussi à se faire une place importante en Extrême-Orient. Il faut dire que ces statistiques peuvent être et sont effectivement profondément influencées par l’état politique du pays, et peuvent, en conséquence, manifester des différences très marquées d’une année à l’autre. La Russie n’a point été sans mettre à profit la puissance du port de Tsing-Tao, et, au commerce direct notamment, on la trouverait pour plusieurs millions de francs de valeurs d’importation et d’exportation.

Quelle qu’ait pu être la place rapidement prise par les Japonais dans le commerce d’importation et d’exportation de Tsing-Tao, et celle que les négocians anglais d’Extrême-Orient avaient su y occuper, il est certain que les Allemands étaient arrivés