Immédiatement il constitua une société filiale, se spécialisant dans les chemins de fer, qui prit le nom de Société des chemins de fer du Chantoung pour la construction et l’exploitation du réseau concédé. Son siège était à Tsing-Tao même, et son capital atteignait 67 millions et demi de francs. En octobre 1899, elle s’engagea à construire, dans les cinq années, une ligne de Tsing-Tao à Tsinan-Fou, capitale du Chantoung ; cette ligne devait passer par Weihsien, à 180 kilomètres de Tsing-Tao, et cette portion de la ligne devait être terminée en 1902. Il est bon de se rappeler que Weihsien est un des nœuds des communications naturelles de la province du Chantoung.
D’ailleurs, on avait prévu immédiatement deux embranchemens se reliant à cette ligne principale. L’un devait desservir Pochan, où des gisemens de houille avaient été autrefois reconnus par le fameux géologue allemand Richtoffen ; ces gisemens allaient être bien vite mis en exploitation. Un autre embranchement devait desservir un second bassin houiller, situé à 16 kilomètres au Sud de Weihsien : ici encore, le géologue allemand avait identifié des gisemens de houille très précieux. Le réseau se compléterait plus tard par une ligne allant de Tsing-Tao à Itchou-Fou, centre minier beaucoup plus riche encore en houille que les deux précédens ; enfin, ce point de Itchou-Fou devait être relié par une ligne ferrée à Tsinan-Fou, ce qui allait doter toute la province d’un réseau ferré très important, très bien établi, correspondant aux besoins naturels.
Ce qui prouve bien l’ampleur que les Allemands entendaient donner à ce réseau ferré de mise en exploitation de cette portion de la Chine, c’est qu’il avait été prévu que les lignes, non seulement seraient construites à voie normale, mais encore pourraient être doublées ultérieurement. L’Empire allemand s’était réservé droit de rachat de cette concession pour la ligne principale et, au bout de soixante années, la Compagnie exploitante devait amortir la ligne, dès que son bénéfice dépasserait 5 pour 100.
Les travaux ont été exécutés très vite, pour répondre au désir de l’Empereur. Dès la fin de l’année 1900, la ligne était à peu près complètement achevée jusqu’à Kiaou-Tchéou (puisque le tracé desservait naturellement cet ancien port) ; on avait employé à l’établissement de la ligne un nombreux personnel