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terrains achetés par les particuliers en vue de construire. Comme, d’autre part, les quartiers étaient tous percés de larges avenues, aboutissant généralement à une promenade établie en bordure de la mer, l’aération de la ville pouvait se faire dans les meilleures conditions. Toutes les habitations devaient être construites en pierre de taille, au moins dans le quartier européen, pierre de taille fournie par la colline portant le nom de Bismarck.

Les premières constructions s’élevèrent d’autant plus vite qu’une bonne partie des travaux, même particuliers, ont été exécutés par une entreprise générale de construction. Quant aux édifices officiels, ils ont été édifiés en très grande partie par le personnel militaire. Ils ont compris immédiatement un hôtel du gouvernement, un tribunal, une école, deux églises, deux grandes casernes situées dans l’Est de la ville, un quartier d’artillerie, une série de bâtimens administratifs des plus divers, un hôpital, une poudrière, un dépôt de munitions, un magasin d’approvisionnemens, etc. Un représentant de la Belgique, M. de Gaissier, signalait, il y a déjà plusieurs années, Tsing-Tao avec ses larges rues bien tracées, bien établies et bien entretenues, comme un des jolis points de la côte du Nord ; il y montrait l’agrément de la vue s’étendant sur la baie et sur les montagnes reboisées par les Allemands ; il insistait sur la brise qui vient des montagnes et tempère les chaleurs estivales. Et, ce qui est tristement humoristique à l’heure où nous écrivons ces lignes, il disait que Tsing-Tao était « en train de devenir l’Ostende de la Chine, » le rendez-vous des résidens européens en quête de repos et de fraîcheur relative.

La partie Sud de la ville a été réservée aux Européens ; ses deux artères principales portaient les noms caractéristiques de Kaiser Wilhelmstrasse et de Friedrichstrasse. Ces deux grandes rues parallèles sont perpendiculaires à la mer ; à l’extrémité Ouest de la première se trouvaient les plus grandes maisons de commerce, en grande partie allemandes ; leurs entrepôts et magasins se raccordaient à la ligne ferrée dont nous parlerons tout à l’heure, et dont nous avons déjà dit un mot : elle avait pour mission de mettre le Chantoung en coupe réglée, sous la dépendance germanique. Le quartier chinois se trouvait, et se trouve encore, à l’extrémité opposée de la seconde rue ; ce quartier est chinois par ses habitans, mais non point par ses