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gouvernement chinois. Ce qui est précieux, grâce au climat de cette partie de la Chine, c’est que l’intérieur de la baie est généralement libre de glaces. A la vérité, on y eut une surprise pénible, en ce que l’on constata que le mouillage, qui se trouvait à l’intérieur de la baie était presque intenable en hiver, sous l’influence des vents du Nord. Il fallait alors que les navires allassent mouiller à deux ou trois kilomètres de la côte, pour ainsi dire en pleine mer ; et c’est surtout afin de remédier à cet inconvénient que d’immenses travaux ont été faits à Tsing-Tao.

Toute la série de collines qui dominent les mouillages le long du front de mer, et qui ont été affublées de noms allemands, pouvaient assurer dans de très bonnes conditions la défense de ce front de mer, en même temps que celle du front de terre. Les îles qui se trouvaient en face de la ville devaient contribuer à fournir un abri à la navigation. On avait en vue un port de commerce, qui devait être un port franc, pour permettre l’exploitation du riche hinterland du Chantoung, sans qu’on eût aucunement l’ambition de faire de cette nouvelle colonie une colonie de peuplement. On entendait, d’autre part, résoudre, avant même la question commerciale, la question militaire, en faisant de Tsing-Tao et du territoire de Kiaou-Tchéou un point d’appui pour la flotte allemande en Extrême-Orient. L’Empereur avait l’ambition d’y créer un arsenal susceptible d’être comparé à celui de Hong-Kong. Et, avant tout, on avait construit des forts, des casernes, des ouvrages militaires de toutes sortes.

Ce qui montrait bien ce qu’on attendait, au point de vue naval et militaire, de cette base de Kiaou-Tchéou, c’est que les dépenses y ont été faites sans compter. On avait eu soin, nous l’avons dit, de ne pas confier le nouveau protectorat à l’Office colonial allemand : il a toujours relevé exclusivement du.Département militaire de la Marine, tout comme les ports de guerre de la métropole. Un capitaine de vaisseau complètement indépendant exerçait les fonctions de gouverneur ; il était appuyé d’un Conseil de gouvernement, comprenant d’une part, et bien entendu, les chefs des services administratifs, de l’autre, les représentans de l’élément civil, au nombre de trois, et nommés pour un an. Deux seulement de ces représentans de l’élément civil étaient élus : l’un par les maisons de