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dans les campagnes, dire que les sacrifices faits par les Français sont suffisans, que les Allemands d’autre part ont été assez châtiés et qu’il y aurait avantage pour les deux partis à s’entendre et à conclure une paix au mieux de leurs intérêts, quant à ceux-là, ils mériteraient un châtiment prompt et sévère. Ils ne sont pas encore bien nombreux, mais prenons-y garde et dénonçons, poursuivons, châtions ces mauvais Français

L’apôtre de l’Alsace, l’abbé Wetterlé, et l’apôtre de Metz, l’abbé Collin, ont attiré dernièrement à la cathédrale Saint-André une foule immense, qui a écouté avec émotion leurs appels à Dieu en faveur de notre pays si éprouvé et de nos deux chères provinces. Ce sont là des paroles de réconfort dont on a besoin.

Les obsèques du comte Albert de Mun, si unanimement regretté, ont été célébrées en grande pompe à l’église Notre-Dame et ont donné lieu à une belle, religieuse et patriotique manifestation. La présence du Président de la République, et de ses ministres, des autorités de la ville et de plusieurs membres de l’Institut, la délégation de la Croix-Rouge et des diverses institutions, un clergé très nombreux, le concours populaire et un bataillon du 140e de ligne sous ses harnois de guerre, tout donnait à cette cérémonie l’air imposant et touchant qu’elle devait avoir. Les discours de MM. Paul Deschanel et Piou au cimetière de La Chartreuse, entendus par une foule recueillie, ont causé une sensation profonde. Nul ne les oubliera. La ville de Bordeaux s’apprête à honorer la mémoire d’Albert de Mun en donnant son nom à l’une de ses rues.

Tel est en quelques traits rapides l’aspect du Bordeaux de 1914, où tout ce qui touche à la guerre est l’objet presque unique des entretiens et des méditations de tous.

Je dois ajouter, — et je le fais avec la plus vive satisfaction, — qu’il y a peu de rues où l’on ne trouve des hôpitaux ouverts soit par la Croix-Rouge, soit par l’initiative privée, qui apportent aux grands hôpitaux de la ville un appui précieux. La charité ici est immense, les bonnes volontés unanimes, le zèle et le dévouement incomparables. J’ai visité hier l’hôpital auxiliaire n° 40 placé sous la protection de Sa Majesté l’impératrice douairière Marie Feodorowna, qui a été créé par nos alliés et nos amis les Russes. La comtesse Isvolsky, la femme généreuse et dévouée de l’ambassadeur de Russie, a, sur le désir formel du Tsar et