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20 000, soit 80 pour 100. Le nombre des maisons pillées est, dans cette région, d’environ 3 000 sur un total de 3 800. La valeur moyenne de chacune des maisons peut être estimée, d’après les renseignemens que je possède, à 3 000 francs environ chacune ; on voit ainsi que les propriétés bâties, dont les Grecs viennent d’être dépouillés, dans le caza de Phocée, représentent un capital d’environ 9 millions. Le bétail volé vaut environ, d’après le cours moyen, 840 000 francs. Les fortunes privées sont difficiles à évaluer ; je connais une dizaine de notables ayant de 10 à 20 000 livres (230 à 460 000 francs) ; ceux qui ont leur argent en banque ont pu le sauver ; j’ignore ce qui a été pris d’argent dans la ville ; la somme en est certainement importante, la plupart conservant chez eux leurs économies.

Les principaux revenus de la terre sont les suivans dans le caza :

Raisin sec, 282 000 kgr pour 845 000 francs ; froment, 382 000 kgr pour 382 000 francs ; huile d’olive, 62 800 kgr pour 257 600 francs ; fèves, 207 000 kgr pour 207 000 francs. Si l’on ajoute les produits de moindre importance, fruits, légumes, etc., on arrive à un total de 1 084 000 kgr pour 1 875 000 francs, dont 1 600 000 francs au moins au profit des Grecs.

Le petit cabotage leur rapporte environ 25000 francs par an et la construction des voiliers et chalands 110 000. En exécution d’un arrangement avec la dette publique, la communauté grecque reçoit, pour l’abandon des droits sur le sel, une indemnité annuelle de 25 000 francs.

En résumé, la propriété bâtie et le bétail enlevés aux Grecs du caza de Phocée représentent seuls un capital de près de 10 millions et les revenus annuels de la terre, dont ils sont privés, environ 1 00 000 francs.

Je ne possède pas de statistique analogue pour l’ensemble des régions atteintes ; je sais seulement qu’à la date où j’ai quitté Athènes, le 11 juillet dernier, le nombre des expulsés d’Asie-Mineure s’élevait à 120 000, dont 47 000 réfugiés à Mytilène, 25 000 à Chio, le restant étant réparti entre Salonique et le Pirée ; La population atteinte de Phocée étant de 7 000, on voit qu’elle ne constitue que 5,8 pour 100 et celle du caza 13,3 pour 100 de l’ensemble. Comme la région de Phocée est relativement pauvre, en raison de son aridité, et que d’autres régions, comme celles de Pergame, de Ménémen, etc., sont parmi les