dévastation des forêts, aussi bien dans le domaine de l’État que dans celui des communes et des particuliers. » Malheureusement la France n’a réparé au XIXe siècle qu’une faible partie des destructions forestières du siècle précédent.
L’augmentation de 600 000 hectares, apportée pendant ce siècle à l’aire forestière d’après le rapport du Directeur général.des Eaux et Forêts sur l’inondation de Paris, n’a en effet réparé qu’un dixième à peine de ces destructions. Si cette réparation n’était accélérée, il faudrait la continuer pendant mille ans sans interruption pour reconstituer le reboisement normal, et les pertes par inondation dépasseraient de beaucoup au cours d’une aussi longue période ce qu’on croirait avoir économisé par l’ajournement.
L’œuvre forestière du XIXe siècle a cependant été spécialement intéressante, car c’est alors que la France a donné le premier exemple des grands reboisemens d’utilité publique, et ils comprennent plus d’un million d’hectares, savoir :
hectares | |
---|---|
Dans les dunes de Gascogne, sous la direction de Brémontier, environ | 50 000 |
Dans les landes de Gascogne, en exécution de la loi du 19 juin 1857, due à Chambrelent | 500 000 |
Dans la Sologne et les Dombes, en vertu de lois analogues faites à la même époque | 200 000 |
Dans les périmètres de montagne (travaux obligatoires prévus par les lois de 1860 et 1882) | 147 025 |
En montagne, hors des périmètres, travaux facultatifs subventionnés : sur les terrains communaux | 54 254 |
« Sur les terrains particuliers | 53 576 |
1 004 855 |
Ces reboisemens d’utilité publique dépassent de plus de 360 000 hectares l’accroissement total de 600 000 hectares apporté à l’aire forestière ; de sorte que, sur le reste du territoire, le jeu naturel des reboisemens et défrichemens particuliers s’est traduit depuis un siècle par la suppression de 360 000 hectares de bois ; et, comme aucune loi n’a été depuis longtemps préparée pour de nouveaux reboisemens d’utilité publique, comme les causes de déboisement persistent, si même elles n’augmentent, il est fort à craindre que le siècle suivant n’assiste à une réduction des surfaces boisées, et que les perles forestières de la Révolution ne soient jamais réparées.