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bien la mer. L’une d’elles, le Styx, alla sans encombre jusqu’à Saigon.

Un peu plus tard, nous construisions des cuirassés gardes-côtes, les uns du type Terrible (7 300 tonneaux de déplacement), les autres du type Valmy-Bouvines, de 6 000 ou 6 500 tonnes seulement. Le Valmy et le Jemmapes, pour ne parler que de ceux-ci, avaient chacun deux canons de 340 millimètres, pièces d’une puissance considérable et à qui, grâce à d’ingénieux appareils, on avait pu assurer les bénéfices d’un chargement très rapide. Le tirant d’eau de ces bâtimens ne dépassait pas 7 mètres. Leur longueur n’était que de 88 mètres, tandis que le Venerable arrive à 130. Enfin le Valmy et le Jemmapes, protégés sur leur flanc, à la flottaison, par 45 centimètres d’acier, avaient sur leur pont principal des plaques de 10 centimètres. Quant à leur vitesse, — 14 ou 15 nœuds, — elle était plus que suffisante dans les parages et pour le genre d’opérations dont il s’agit, leurs facultés évolutives étant d’ailleurs remarquables.

Tels étaient les bâtimens que nous eussions pu mettre en ligne devant la côte des Flandres ; — où ils avaient déjà paru, d’ailleurs, à plusieurs reprises, de 1896 à 1907 environ, — si, les idées ayant complètement changé sur le rôle et les méthodes d’utilisation des unités de combat, on n’avait jugé à propos de désarmer, puis de condamner, vendre ou démolir les représentans encore très valides de types auxquels on reprochait leur insuffisance dans la grande bataille rangée, au large.

Gardons-nous de récriminer à ce propos. La critique serait d’autant plus inutile qu’elle ne pourrait viser des personnalités déterminées et qu’après tout, grâce à la haute valeur des équipages, la petite force navale anglo-française de la côte de Belgique a rendu déjà et rendra encore des services signalés. Pour de bons ouvriers il n’y a pas de mauvais instrumens et, au demeurant, les instrumens que nous avons là-bas ne sont pas mauvais ; ils ne sont que médiocrement adaptés. Tirons seulement de tout ceci l’enseignement qu’une marine bien constituée doit comprendre des types convenant à la guerre de côtes aussi bien que d’autres, répondant aux exigences de la guerre du large.


Sous cette dernière rubrique, guerre du large, on peut comprendre, si l’on veut, les opérations des escadres de ligne,