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Perse, la mer Caspienne et la frontière qui sépare la Russie de la Chine orientale. Les importations arrivent en majorité par le rivage de l’Océan pacifique, la frontière russo-chinoise et la mer Caspienne. La valeur des exportations, en 1912, a été de 91 millions, et celle des importations de 135 millions de roubles. Ces dernières sont donc en excédent, à l’inverse de ce qui se passe sur la frontière européenne, où les premières, en 1911, l’ont emporté de 391 millions sur les secondes.


VIII

L’impression qui se dégage de cet examen de la situation économique russe est des plus réconfortantes. On peut la comparer à celle que donne l’allure de ses armées, nombreuses, calmes, inébranlables. La vie économique de l’immense Empire n’a pas été arrêtée. Sur tous les domaines, elle continue, ralentie dans certains cas, stimulée au contraire dans d’autres. Ni les récoltes ni les semailles n’ont souffert ni ne souffriront. L’industrie, conserve un personnel suffisant et travaille en moyenne aux quatre cinquièmes de sa capacité normale.

Le grand effort fait depuis vingt ans afin de créer des usines métallurgiques trouve sa récompense : la Russie produit dès maintenant la fonte dont elle a besoin. Deux faits importans viennent encore contribuer à ce bon état économique : la prohibition de la vente de l’alcool, qui empêche le paysan de dépenser ses roubles à acheter de la vodka et qui lui laisse de l’argent pour les dépenses utiles ; le haut prix des grains, que l’administration militaire contribue à maintenir par ses achats répétés et qui amène une véritable aisance dans les campagnes. D’autre part, les importations allemandes, qui s’élevaient en dernier lieu à 665 millions de roubles par an, étant arrêtées, les industriels russes ont le champ libre : ils ont peine à suffire aux commandes et obtiennent des prix rémunérateurs. Un de mes amis, qui est un des principaux manufacturiers de Moscou, m’écrivait, il y a peu de semaines : « Nous avons réussi à créer une industrie nationale, qui transforme les matières premières locales : cela nous permet aujourd’hui de continuer le travail dans les fabriques avec une diminution de 20 pour 100 seulement, correspondant au nombre d’ouvriers appelés sous les drapeaux. La Russie produit en temps normal 50 pour 100 du