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recevaient un salaire moyen de 255 roubles par an. La valeur de la production était, d’après le ministère du Commerce et de l’Industrie, de 5 134 millions de roubles. Parmi les industries qui se développent, on peut citer celle du coton, qui emploie une proportion croissante de matière indigène, 57 pour 100 en 1912. Le Turkestan et le Transcaucase approvisionnent de plus en plus largement les filatures moscovites, qui importent de moins en moins de coton américain et égyptien. Le nombre de broches qui travaillent en Russie représente environ 7 pour 100 du chiffre mondial. La production du sucre a passagèrement diminué en 1912-13, 110 millions de pouds au lieu de 140 l’année précédente : il en est résulté une forte réduction des exportations.

La production d’or de la Russie, pour 1912, s’est élevée à 160 millions de francs. Celle du platine, dont elle a presque le monopole, à 337 pouds, d’une valeur d’environ 13 millions de roubles.

Quelque rapide qu’ait été la croissance de l’industrie depuis une vingtaine d’années, les chiffres de sa production sont encore peu de chose si on les compare à celle des Etats-Unis et de l’Angleterre, et si on les rapproche de l’immensité de son territoire et de sa population. Il y a là matière à un développement ultérieur qui devra être considérable. Parmi les centres houillers et métallurgiques, la Pologne seule parait s’être approchée de sa capacité de production normale. Le Donetz est encore susceptible de grands progrès. Les richesses de l’Oural et de la Sibérie ne seront mises en pleine valeur qu’au fur et à mesure de la construction des voies ferrées indispensables. Quand on songe que les Etats-Unis en ont près de 400 000 kilomètres et que la Russie n’a pas le cinquième de ce chiffre, on voit quelle marge est laissée à l’activité de nos alliés. La seule construction des voies nouvelles donnera aux usines existantes des commandes de rails et de matériel pour de longues années. Une fois achevées, ces lignes porteront la vie et la richesse dans une foule de régions encore presque inconnues.

L’industrie russe s’est développée à la faveur de tarifs protecteurs. Le gouvernement a cherché à favoriser la création, à l’intérieur de l’Empire, de fabriques et d’usines capables de servir les demandes indigènes. Le comte Witte, qui a travaillé activement dans cette direction, a exposé cette politique dans l’ouvrage