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anglo-française. Le 1er mai, le Roi arrivait à Paris. On sait l’accueil qu’il y reçut et le mouvement d’opinion qui, à cette occasion, rapprocha les deux peuples. M. Loubet rendait à Londres la visite royale au mois de juillet de la même année. Le 14 octobre était signé le traité d’arbitrage anglo-français, premier article, ou plus exactement encore article préliminaire d’un programme qui s’assignait, on le savait bien, d’arriver à une entente effective. Le 8 avril 1904, toutes les difficultés étaient réglées et les accords publiés.


De 1898 à 1903, M. Barclay, nous l’avons vu, n’avait cessé de poursuivre ses desseins d’amélioration des rapports anglo-français. Entre autres moyens, il s’était servi de la Société française d’arbitrage, présidée par Frédéric Passy. C’est devant quelques membres de cette Société, — le président lui-même, le secrétaire M. Décugis, M. Charles Richet, M. Georges Lyon notamment, — qu’il prononça, à la mairie de la rue Drouot, le 27 mars 1901, un discours en faveur de l’arbitrage obligatoire entre la France et la Grande-Bretagne, qui ouvrit pour lui une nouvelle phase d’action méthodique. Le vénérable M. Frédéric Passy s’exagérait peut-être l’importance de cette manifestation quand il y voyait l’idée première de l’entente cordiale[1]. Mais le correspondant du Times restait dans la note juste en écrivant que ces idées d’arbitrage, si on y revient sans cesse et avec sincérité, finissent par pénétrer peu à peu dans les esprits et par gagner l’adhésion publique.

M. Barclay fit dès lors sanctionner, en quelque sorte, son idée d’un traité général d’arbitrage entre le Royaume-Uni et la France par les Chambres de commerce des deux pays, par l’Association des Chambres de commerce du Royaume-Uni, par l’Association de Droit international. Ce fut une campagne de deux années où il déploya une infatigable activité et qui le porta jusqu’en Amérique. Nous n’entrerons pas dans le détail des difficultés qu’il rencontra, ni des déceptions qu’il eut à subir » Ses Souvenirs nous renseignent abondamment là-dessus. Mais nous sommes surtout frappés, à distance et dans les

  1. Frédéric Passy, Pour la paix, Paris, 1909.