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borner, comme moyens, à des articles dans les périodiques pour provoquer l’intérêt sur la matière, à des interviews dans les journaux, à des discours et conférences en Angleterre et en France ; s’appuyer enfin sur les Chambres de commerce des deux pays, les conseils municipaux en France, les Trade Unions en Angleterre, les hommes politiques les plus influens, des comités spéciaux.

Bref, le dessein de M. Barclay fut, dès le premier jour, de créer une atmosphère favorable à la suppression des causes de frottement et d’assurer l’avenir des deux pays contre les surprises du sentiment populaire par la conclusion d’un traité permanent d’arbitrage.

A l’automne de 1894, il développa son plan à quelques-uns de ses amis du monde politique, en particulier à MM. Ribot, Léon Bourgeois, Jules Simon et Léon Say, qui l’encouragèrent de tous leurs moyens. Du côté écossais, il n’eut pas de peine à obtenir de nombreux et précieux concours. La première réunion de la Société fut tenue à Paris, au printemps de 1897. Jules Simon présidait et prononça un charmant discours. Il souhaitait la bienvenue aux hôtes de la « nouvelle et luxueuse Sorbonne, » et se demandait si on ne l’avait pas choisi pour cet office, lui, le vieil idéologue, parce qu’il était lui-même « une sorte de débris de la vieille Sorbonne, un petit fragment qu’on n’a pas démoli pour faire place aux nouvelles idées dont ce magnifique édifice représente la victoire, fragment d’une pittoresque ruine. » Puis l’incomparable virtuose, s’emparant d’un de ces thèmes oratoires où il excellait, évoquait mélancoliquement le souvenir de la glorieuse Université « dont nos aïeux se sont saturé la pensée et qui a toujours été le point de ralliement entre l’esprit de France et celui d’Ecosse. C’est ici que Voltaire et Hume ont tous les deux ressenti leurs premières inspirations. C’est d’ici- que vos Universités d’Ecosse ont pris leur modèle. Et encore aujourd’hui, c’est ici que vous êtes venus de ces Universités rendre hommage à la sœur aînée. » L’allocution se terminait par un retour à ce qui en faisait l’objet : « Notre vieille alliance d’esprit, nos luttes communes dans ce théâtre de guerre qu’est l’Université, sont un lien d’union que nous n’oublierons jamais. »

Ce lien d’union, M. Barclay faillit se trouver bien empêché de le faire servir à former les premiers nœuds de l’entente