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LA MARINE DANS LA CRISE ORIENTALE

Les conseils de l’Allemagne à la Sublime Porte l’ont décidément emporté. La Turquie est entrée dans le conflit européen par une attaque brusquée, traîtresse, à la mode germaine, exécutée sur le littoral russe par le Gœben, le Breslau et le Hamidieh.

Si, conformément à ses déclarations, la Bulgarie reste neutre, il n’y aura d’autre théâtre continental d’opérations que celui de l’Arménie, où les rigueurs de l’hiver ne tarderont pas à paralyser les mouvemens des armées. La guerre sera donc, pendant quelques mois., à peu près exclusivement maritime, ou du moins les flottes y joueront un rôle prépondérant, soit qu’on ne leur demande que de dominer les mers qui baignent les côtes des belligérans, la Mer-Noire, l’Archipel et le bassin syrio-égyptien de la Méditerranée, la Mer-Rouge et le Golfe Persique, soit, ce qui est plus probable, qu’on les charge de transporter, protéger, débarquer, flanquer, ravitailler enfin d’importans corps de troupes expéditionnaires.

Il est donc intéressant d’examiner la composition et la valeur des forces navales qui vont être engagées dans ces opérations.


On trouverait malaisément une flotte ayant un caractère d’hétérogénéité plus marqué que celui de la flotte turque. On y voit des bâtimens des types les plus variés, répétés d’ailleurs à très peu d’exemplaires et qui ont les origines les plus diverses, ayant été construits ou achetés un peu partout, au gré des circonstances politiques, au gré surtout des influences étrangères qui se sont successivement exercées sur les bords du Bosphore et de la Corne d’Or. Et, pour tout couronner, cette flotte a aujourd’hui pour têtes de file deux unités, — celles que je