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demande s’il m’en coûte de quitter la France et s’excuse de me faire voyager dans le cabriolet du fourgon. Mais, M. Zappi n’étant plus là, et la deuxième voiture ayant été supprimée par économie, force sera pour elle de s’enfermer dans l’autre avec son enfant malade et de me laisser faire la route en compagnie de Mme Cailleau,

Je la remercie, car je l’aime, et je la suivrais maintenant au bout du monde, certaine d’être plus heureuse auprès d’elle que dans toute autre position. Les deux ressorts du fourgon, les cahots de la route ne m’en font pas dédire, bien qu’ils m’éprouvent cruellement aujourd’hui, durant cette courte étape de Paris jusqu’à Chantilly. C’est à trois heures de l’après-midi seulement que nous démarrons, retardés jusque-là par la paresse et la mauvaise humeur de M. Charles, très désappointé de quitter Paris. Le Prince, étendu tout de son long et bien enveloppé, ne sera pas beaucoup plus mal sur ses coussins que sur son canapé. Le temps est gris et froid. Les manifestans affluent toujours à la Colonne ; des marchandes de fleurs se tiennent le long des grilles et vendent des bouquets aux passants.

À peine arrivons-nous à la barrière de Clichy que la pluie nous prend. Elle nous empêche de nous arrêter à Saint-Denis, comme nous en avions eu d’abord l’intention, et nous amène tout d’une traite à Chantilly. Nous irions plus loin, sans cette vilaine pluie, une méchante voiture et nos précaires états de santé., Tout cela nous prive encore de parcourir les jardins du château, visite que la Reine se promet de faire quand nous reviendrons de Londres à Arenenberg,


VALERIE MASUYER. :