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Hollandais appuyés sur Flessingue. Le remède à cela, les plus ardens, les moins scrupuleux d’entre eux ne seraient pas embarrassés pour le découvrir, et l’invasion de la Hollande ne coûterait sans doute pas beaucoup de remords à qui trouva si naturel de violer la neutralité de la Belgique. Il n’est pas sûr toutefois que ces conseils de violence l’emportent une fois de plus dans l’organisme directeur de l’Empire. L’intangibilité du territoire belge était nettement gênante ; celle de la Hollande a des avantages sensibles auxquels j’ai déjà fait allusion dans mes études précédentes, et il n’est pas douteux qu’en dépit des efforts du gouvernement néerlandais, Rotterdam et Amsterdam ne soient toujours au nombre des plus précieux jalons des lignes de ravitaillement de l’Allemagne.

La marche en avant de l’armée qui assiégeait Anvers — et dont les principaux éléments auraient été, paraît-il, empruntes aux corps d’observation des duchés de l’Elbe[1] — a fourni la solution d’une question qui apparaissait fort délicate. Les Allemands ont occupé successivement Gand, Bruges, Blankenberghe, Ostende. Quand ils ont pris possession de ce dernier port, qui avait été si utile à la Grande-Bretagne pour faire passer aux Belges des secours de toute nature, la presse anglaise a protesté que la perte d’Ostende n’avait pas de conséquence fâcheuse au point de vue des opérations à terre, puisque la valeureuse armée du roi Albert, échappée à l’enveloppement tactique, s’appuierait désormais sur la place maritime de Dunkerque et sur nos ports du Pas-de-Calais. C’était fort juste et cette armée le prouve en défendant si énergiquement la ligne de l’Yser. Peut-être ne fallait-il pas ajouter que le port d’Ostende ne conviendrait aucunement comme base des sous-marins allemands. Pourquoi ?… Ce n’est assurément pas que les ressources y fassent défaut ; l’outillage y est, au contraire, abondant. Il ne faut pas s’imaginer, du reste, que la création d’un simple point d’appui, — car il ne s’agit que de cela, en somme, — pour ce genre de bâtimens soit une affaire bien compliquée. Anvers, en tout cas, ne serait pas loin. Il est vrai que c’est aux bancs qui forment la

  1. Il serait intéressant d’avoir la confirmation de cette nouvelle. Si le fait est exact, on ne pourra s’empêcher de penser qu’il eût suffi de quelques démonstrations sur l’un ou sur l’autre revers de la presqu’île Cimbrique pour retenir autour du canal de Kiel la majeure partie des troupes qui avaient été commises à la défense de cette ligne de communication. Je reviendrai prochainement sur ce point important.