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ferme intention de continuer de la tenir sans restriction aucune.

Après le refus si politique qui lui avait été fait de l’élection du duc de Nemours, le Congrès national élut, le 4 juin 1831, pour roi des Belges le prince Léopold de Saxe-Cobourg, oncle de la princesse Victoria et veuf de la princesse Charlotte d’Angleterre. Ce prince, qui devait épouser en 1832 la princesse Louise d’Orléans et qui assura tant de prospérité à son nouveau royaume, jura le 21 juillet d’observer la Constitution et les lois du peuple belge, et de maintenir l’indépendance nationale et l’intégrité du territoire. Nul n’ignore comment, le roi de Hollande ayant rouvert les hostilités contre la Belgique en août 1831, l’armée française, sous le commandement du maréchal Gérard, vint au secours des Belges et obligea les Hollandais à sortir d’Anvers et à évacuer le territoire. La Belgique, aidée par la France, avait repoussé l’intervention étrangère et fait reconnaître une indépendance que la Conférence de Londres avait solennellement reconnue le 20 juillet 1831. Toutes les puissances y vinrent adhérer, sauf la Hollande, qui ne mit fin à son conflit avec la Belgique que par le traité particulier du 19 avril 1839.

La Conférence de Londres avait élaboré, le 15 novembre 1831, un nouveau traité, qui fut soumis, sous forme de projet de loi, au Sénat et à la Chambre des représentans, et dont l’article 7 est ainsi conçu : « La Belgique formera un État indépendant et perpétuellement neutre. Elle sera tenue d’observer cette même neutralité envers tous les autres États. » Et, comme sanction de ce vote, la Conférence adopta l’article suivant : « Les cours d’Autriche, de France, de la Grande-Bretagne, de Prusse et de Russie garantissent à S. M. le roi des Belges l’exécution de tous les articles qui précèdent. » Dans les articles, figuraient la reconnaissance de l’indépendance et de la neutralité, ainsi que l’inviolabilité de son territoire. La Hollande, comme je viens de le dire, fit avec la Belgique un traité spécial dont l’article 7 mentionnait, lui aussi, l’indépendance et la neutralité belges. Dès ce moment, la Belgique put croire que son territoire serait désormais inviolable, puisque toutes les grandes puissances s’en déclaraient garantes.

En 1848, le Gouvernement belge reconnut le Gouvernement provisoire, à la condition que celui-ci reconnaîtrait lui-même l’indépendance et la neutralité de la Belgique, ce que Lamartine affirma par une lettre officielle du 5 mars adressée au ministre