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marxiste qu’on écarte, s’est glissé le syndicalisme, — produit d’origine française, nous dit M. Délia Volta, — et le syndicalisme, on le sait, n’est qu’une sorte d’opportunisme révolutionnaire, c’est-à-dire sachant quelquefois attendre, mais souvent guettant et souvent provoquant les occasions qui se prêtent à la lutte pour la lutte, au désordre, à la destruction, quitte à voir ensuite ce qui en sortira : le révolutionnaire croit toujours qu’il n’en sortira pour lui rien de plus désavantageux que ce qui existe. Il serait à souhaiter qu’au-dessus des égoïstes, des sceptiques et des violens pût se faire écouter partout un homme tel que M. Toniolo, professeur d’économie politique à l’université de Pise. Il a depuis longtemps toute la science et toute la flamme nécessaires pour faire aimer l’association qui conserve et qui organise et le mode d’interventionnisme qui préfère à tout autre celui de la libre charité.


Si l’on s’en tenait à un coup d’œil rapide sur les proportions des étudians en philosophie, on pourrait croire que cette branche d’études, si elle figure encore dans les universités italiennes, doit bien y végéter, qu’elle est sans doute négligeable pour la curiosité d’un étranger. Ce serait là une très grave erreur. Le nombre n’est pas tout. C’est au rayonnement des théories et à l’écho des controverses qu’il convient de prêter attention. Or, aucun littérateur, aucun historien, aucun critique n’aura de peine à démêler tout de suite, dans les publications les plus diverses de l’Italie, ces traces si sensibles de l’ardeur métaphysique où aisément se réchauffent tant d’imaginations, juvéniles ou non : héros, héroïques, héroïsme, résurrection, finalité supérieure, idéalité, ravissement divin, impulsivité du génie moral, et, d’autre part, chez ceux qui veulent paraître plus réfléchis, positivité, contingences, intuitions, — autant de mots qui reviennent incessamment et qu’on ne peut pas toujours se borner à répéter de confiance, sans en réclamer une certaine explication.

Dans les premiers temps de la monarchie, les noms de Ros-mini et de Gioberti et d’autres grands patriotes remplis de l’esprit spiritualiste et religieux, n’étaient pas seulement célébrés : leurs ouvrages étaient étudiés et ils faisaient des disciples. En négligeant beaucoup de nuances qui peuvent toujours se raviver, il est visible que l’Italie tout à fait nouvelle n’a pas voulu s’en