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significative, car les autres écoles commerciales européennes n’ont qu’une clientèle insignifiante de moins de 100 élèves, dont plus des deux tiers relèvent des écoles grecques qui n’admettent que leurs nationaux. Quant à l’enseignement commercial égyptien officiel, il n’existe pour ainsi dire pas : il n’est représenté que par un cours du soir, au Caire, avec environ 300 auditeurs.

Il n’est pas exagéré de dire, on le voit, que l’enseignement commercial est, en Egypte, presque complètement français. Que l’on ne croie pas toutefois la partie définitivement gagnée. Le grand nombre des élèves exprime la réalité d’un besoin profondément senti, mais il ne signifie pas que ce besoin soit vraiment satisfait. Les cours actuels sont insuffisans. La plupart sont des organisations improvisées, incomplètes, hâtives, manquant de ressources pour prendre le développement qu’elles comporteraient. Mais surtout il leur manque le couronnement toujours convoité, je veux dire le pouvoir de délivrer un diplôme qui jouisse d’une autorité incontestée et qui soit, pour son titulaire, d’une valeur internationale certaine. La lacune serait comblée s’il existait une véritable Ecole supérieure de commerce française, assimilée par notre Gouvernement à celles de la métropole. Si on la créait sur des bases puissantes dans cette très grande place de commerce qu’est Alexandrie, nul doute qu’elle exercerait une irrésistible attraction non seulement sur l’Egypte, mais encore sur tout l’Orient. Mais il y a toujours la terrible question d’argent, les quelque cent mille francs qu’il faudrait arracher à nos budgets trop à l’étroit. C’est pourquoi on cherche à s’ingénier. L’Ecole supérieure d’Alexandrie cherche à naître sous une forme originale : les trois cours des Frères, des Jésuites et du Lycée d’Alexandrie, tout en gardant leur autonomie d’organisation, ont adopté les programmes des Écoles supérieures de France, et voudraient pouvoir présenter leurs élèves, en fin d’études, devant un jury commun, délégué de France en Egypte par l’École supérieure de Commerce de Marseille, dont ces cours égyptiens permettraient ainsi d’obtenir, à Alexandrie, le diplôme de sortie. L’idée est simple et ingénieuse. Elle est peut-être réalisée à cette heure, car au début de l’été dernier les négociations paraissaient être en bonne voie. Et il y a tout lieu de penser que les cours en question vont en recevoir une impulsion très vive.