Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/639

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’Angers comme base, il en ordonne le siège. Le promontoire de schiste et d’ardoise qui porte la citadelle, comme la craie blanche de la Seine soutient la merveille normande, est bientôt encerclé de machines et de tentes. Quand la place sera prise, opération nécessaire, paraît-il, à la sécurité de la marche en avant vers Paris, le Plantagenet, traînant à sa suite tous les contingens de ses anciens domaines recouvrés, s’avancera à la rencontre de son allié impérial, dont les cavaliers et les fantassins, à cette heure même, se rapprochent de l’Escaut. Ainsi se développera le plan des coalisés et se réalisera leur effort.

D’autre part, l’empereur Othon, d’Aix-la-Chapelle, où il s’est établi en mars, a poussé vers la Meuse et la direction du Hainaut. A Pâques, il séjourne à Maëstricht. Il y prend femme. Il épouse en secondes noces Marie, fille du duc de Brabant, lequel, par parenthèse, était devenu l’an précédent, par un second mariage, le gendre de Philippe-Auguste. Le comte Ferrand l’y rejoint. Renaud de Dammartin vient sceller cette rencontre. L’armée anglaise, débarquée l’an précédent aux bouches de l’Escaut, se tient en Flandre. Les princes alliés se préparent à s’ébranler. Peut-être le duc de Lorraine est-il déjà présent. Les embarras d’une succession compliquée semblent avoir entravé le concours Luxembourgeois. Le rendez-vous général est fixé à Nivelle, en Brabant, pour le 12 juillet. De là, l’invasion prendra le chemin de Paris.


Une sorte de partage de la France est résolu. Les contemporains ont placé la scène à Valenciennes, dans la grande salle du palais comtal de Hainaut, à la veille de la bataille. Selon toute vraisemblance, les plans n’ont pas attendu jusque-là pour se dresser.

L’empereur Othon se réserve la Champagne et le duché de Bourgogne. Ainsi dédommagé des territoires que lui ravit à pareille heure le Hohenstaufen en Allemagne, il pourra continuer son règne. Jean sans Terre recouvre tout le domaine continental des Plantagenets, comme avant la sentence de 4202. ; Ferrand de Flandre retrouve au complet ses États, avec, naturellement, Aire et Saint-Omer, et l’Artois. Mais sa belle part, c’est le morceau qui va d’Amiens jusqu’au Louvre : Ferrand, dans l’attribution des dépouilles, doit obtenir la Picardie, l’Ile-de-France et Paris. Renaud va récupérer d’un seul coup, et