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LA REINE HORTENSE
ET
LE PRINCE LOUIS


AVANT-PROPOS

Bien que la reine Hortense ait survécu vingt-deux ans à la chute du régime impérial et qu’elle ne soit morte qu’en 1837, la fin de sa vie est restée jusqu’à présent mal connue. Son rôle aux Cent-Jours, ses infortunes de 1815, son installation dans son refuge d’Arenenberg, ont été décrits dans les mémoires de Mme Parquin (Mlle Louise Cochelet) ; mais cet ouvrage, interrompu par la mort de l’auteur, s’arrête à l’année 1817. La Reine a publié elle-même en 1834 des extraits de ses Mémoires inédits, mais ces courts fragmens autobiographiques n’ont d’autre objet que de raconter son voyage à Paris, en 1831, et de réfuter les reproches qu’elle s’était attirés par ce retour illégal en France et cette infraction à la loi d’exil.

Le silence de l’histoire règne encore sur les espérances que la Révolution de Juillet avait pu lui faire concevoir, sur ses ambitions nouvelles pour ses enfans, sur l’apprentissage politique fait à son école par le prince Louis, son fils préféré. Tous ces sujets d’un intérêt manifeste, puisqu’il s’agit de la tradition bonapartiste même et du vivant trait d’union entre les deux empereurs de la dynastie, s’éclairent aujourd’hui d’une vive lumière, grâce à la découverte du Journal tenu de 1830 à 1837 par Mlle Valérie Masuyer. Entrée comme dame d’honneur chez la Reine au lendemain de l’avènement de Louis-Philippe, témoin du contre-coup que les événemens de Paris venaient d’avoir à Arenenberg, elle a conté jour par jour et pour ainsi dire heure par heure les démarches faites, les visites reçues, les négociations nouées sous ses yeux. C’est de ce document que nous commençons aujourd’hui la publication.