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analogues. Notre marine a donc bien des progrès à faire dans une partie d’autant plus importante pour elle que, ne pouvant soutenir la lutte du côté du Nord contre l’adversaire probable avec-les bâtimens de haut bord agissant surtout par l’artillerie, elle ; ne saurait espérer de succès que dans l’emploi intensif des ; engins de la guerre sous-marine où il semblait que nous fussions passés maîtres, il y a quelque vingt-cinq ou trente ans.

Résumons-nous.

L’intérêt des grandes manœuvres navales exécutées dans le Midi est, momentanément, si l’on veut, mais certainement épuisé. Cet intérêt, il est nécessaire de le raviver — aussi bien en ce qui touche l’opinion publique qu’en ce qui concerne les marins eux-mêmes — en changeant le théâtre d’opérations, en agissant dans l’Océan et dans la Manche.

Ces opérations, pour être vraisemblables, doivent avoir d’abord une certaine durée dans le temps et une certaine étendue dans l’espace, ensuite n’être pas modifiées, en cours d’exécution, par d’arbitraires interventions, quelquefois tout à fait étrangères à la succession normale des faits de l’ordre militaire.

La durée et l’ampleur des opérations conduiront à des constatations du plus haut intérêt sur l’endurance véritable — la faculté de tenir la mer longtemps — des diverses catégories de bâtimens. Si quelques-unes de ces constatations peuvent paraître, fâcheuses, on se souviendra du moins qu’il vaut mieux qu’elles soient faites en temps de paix qu’en temps de guerre.

Il semble désirable que les thèmes choisis aient pour aboutissement logique une étude vraiment sérieuse, appuyée sur des faits concrets, des desiderata, si variés suivant les circonstances géographiques et hydrographiques, de la coopération des forces de terre et de mer.

Enfin il y aura lieu de profiter des circonstances dont je viens de parler pour pousser à fond l’examen de toutes les questions qui se rattachent à l’organisation de la guerre sous-marine. Il faut, à tout prix, que nous sachions regarder loin en avant, reconnaître l’importance considérable que vont prendre, dans la prochaine guerre, les opérations de l’espèce et adapter résolument les moyens d’action de notre force navale à des exigences que tous, autour de nous, proclament inéluctables.


Contre-amiral DEGOUY.