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force navale égale ou supérieure en nombre, les avions rendront de grands services à l’un et à l’autre partis, donnant, d’une manière régulière et continue, au bloqué le « topo » du dispositif de surveillance, au bloqueur l’indication de tout mouvement intérieur qui pourrait faire prévoir une sortie. »

« S’il s’agit des opérations conduites au large, il peut rester un doute sur l’efficacité de l’emploi des appareils volans. Évidemment leur « mère gigogne, » la Foudre (ou tout autre bâtiment aménagé comme celui-ci), ne saurait les lâcher en pleine mer pour une exploration à grand rayon. Ils risqueraient fort de ne la point retrouver ; mais, si l’on s’en tient à un mode d’utilisation plus modeste, — la reconnaissance rapide d’une fumée suspecte, à l’horizon, par exemple, — on aura pleine satisfaction, sans compromettre en rien avions et aviateurs. »

Voilà qui est fort sage. Il n’est d’ailleurs pas défendu à l’imagination (qui n’est pas toujours la « folle du logis ») d’étendre plus que cela, même au large, le rôle éventuel des hydravions embarqués. Attendons encore un peu… et ne laissons pas, entre temps, d’observer avec soin le parti que les Allemands tirent de leurs grands croiseurs aériens, ces énormes « dirigeables, » jusqu’ici assez malheureux, c’est vrai, mais qui ne le seront pas toujours…


Il y a eu, au cours des manœuvres, quelques avaries et une catastrophe, celle du Renaudin, grand torpilleur d’escadre, où quatre chauffeurs ont été brûlés par un retour de flamme. Il y a eu aussi une collision, sans dommages sérieux, entre deux cuirassés. Les deux derniers cas ont dû donner lieu à la nomination d’une commission d’enquête, mais je ne crois ‘pas que le public ait été instruit des résultats de ces investigations. À la vérité il n’y tenait guère, ayant, ce mois de mai, d’autres préoccupations que les mésaventures de cette marine, oh ! intéressante, sans doute, mais si lointaine, si particulière, si peu connue…

Il fut un temps, il y a quelque vingt ou vingt-cinq années, où une « cogne » de cuirassés, fût-elle fort légère, et surtout un accident grave de chaudières auraient provoqué dans la presse de véritables clameurs. Ces exagérations ne tardèrent pas à fatiguer l’opinion et l’on s’aperçut que le dénigrement systématique de la marine nationale s’inspirait de vues politiques d’un ordre particulier. Nous voici retombés dans