une mortalité moins considérable. Il convient de signaler que les statistiques de nos vieilles colonies ne peuvent donner de précisions absolues, au point de vue auquel on se place ici, car on y mêle indistinctement toutes les races.
La situation sanitaire des colonies plus récentes est encore moins bonne. Leurs plus grandes villes elles-mêmes, où les millions ont été largement dépensés, ne jouissent pas de la salubrité qu’elles devraient avoir.
Voici un tableau démographique de Dakar, grande cité de l’Ouest africain, presque entièrement construite dans ces dix dernières années, sous un climat qui, sans être parfait, peut passer pour très supportable.
Années | Naissances | Morts d’Européens | Naissances | Morts d’indigènes |
---|---|---|---|---|
1903 | 26 | 43 | 342 | 389 |
1904 | 29 | 39 | 384 | 487 |
1905 | 31 | 48 | 424 | 508 |
1906 | 28 | 48 | 479 | 579 |
Le chiffre de la population atteignait alors environ 1 000 Européens et 18 000 indigènes. Si l’on veut bien songer à ce fait que la population européenne de la ville se composait d’individus généralement dans la force de l’âge, le tribut fort élevé qu’elle payait à la mortalité paraîtra beaucoup plus considérable encore. Il dépasse en effet de plus du double celui de la métropole et il est supérieur à celui de l’Algérie d’il y a soixante ans. On peut calculer qu’une meilleure hygiène aurait permis d’économiser par an vingt morts au moins dans cette seule ville, pourvue cependant d’eaux potables, d’égouts collecteurs, d’hôpitaux et de maisons confortables.
Ces chiffres sont éloquens, ils dispensent d’en citer d’autres, et mieux vaut démontrer par un exemple tout ce que nous aurions pu faire.
Des statistiques, contemporaines des précédentes, nous sont fournies par le service sanitaire du canal de Panama ; elles témoignent avec une abondante clarté que nos faibles efforts et les maigres résultats obtenus par nous ne sont pas ce qu’ils devraient être.
Personne n’ignore l’affreuse mortalité qui sévissait sur les chantiers du canal de Panama lorsqu’ils appartenaient à la Compagnie française. Celle-ci ne se désintéressait pas du problème