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taux supérieurs : 2 pour 100 avec l’étranger, 1/2 pour 400 à l’intérieur de la France, étaient des changes ordinaires sous Louis XV.

Le droit postal de 5 pour 100 était partagé également entre l’administration et ses agens locaux ; c’était le plus clair appointement de 247 directeurs, qui se contentaient d’un fixe de 200 francs et qu’il fallut porter à 600 francs, lorsque, sous le Consulat, cette remise leur fut supprimée. À cette époque (1801) le total des envois d’argent par la poste ne montait encore annuellement qu’à 22 millions de notre monnaie, — 11 millions intrinsèques, — dont 8 millions à destination de Paris. Vingt-deux millions ! C’est la valeur annuelle, en 1913, des lettres chargées qui vont de France en Italie, à laquelle s’ajoutent des mandats-poste pour 32 millions de francs. De France à destination de la Belgique, mandats et lettres chargées font un total de 77 millions de francs. Quant à l’intérieur de la France, au lieu des 22 millions de 1801, les envois d’argent par la poste atteignent, en 1913, le chiffre de 9 milliards de francs, dont 3 milliards pour les bons ou mandats et 6 pour les lettres chargées. Encore la France est-elle, sur ce terrain, bien distancée par l’Allemagne où les mouvemens de fonds, sous ces deux formes, s’élèvent actuellement à 24 milliards.


V

Sous l’Ancien Régime, à l’époque où la poste était en ferme, les bureaux de province étaient, tantôt loués à des sous-fermiers, qui les faisaient valoir pour leur compte, — celui du Nivernais rapporte ainsi 38 000 francs par an (1700), — tantôt confiés à des employés analogues à nos receveurs actuels. Les gages de ceux-ci, dont la moyenne était de 570 francs, — 801 bureaux coûtaient 480 000 francs sous la Régence, — variaient suivant les localités depuis 5 500 et 7 000 francs, pour Bordeaux, Besançon ou Amiens et depuis 2 800 francs, pour Aix, Bayonne ou Compiègne, jusqu’à 180 francs, sommes comprenant les frais de bureau et le loyer, que le comptable essayait parfois de porter en dépense, mais qu’on lui rayait impitoyablement à Paris. Les autres articles étaient les « lettres en déboursés, » dont l’affranchissement était avancé partiellement par le bureau de départ, et les « lettres en rebut, » que leur destinataire avait refusé de