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V. — MŒURS ET USAGES

En général, la vie à Mexico est plutôt tranquille. Les larges rues sont, le soir, calmes de bonne heure, les magasins fermés tôt, et l’éclairage éteint. Au surplus, la température s’abaisse considérablement et fait rentrer chez eux les retardataires.

La température est très différente entre les chaudes matinées et les soirées froides de la vallée de Mexico. Aussitôt que le disque du soleil disparait derrière le Monte de las Cruzesv tout devient sombre et glacial. La puissance magique de l’astre puissant ne se manifeste nulle part avec plus de rapidité et de violence.

Parmi les usages actuels, nous en retrouvons dont l’origine remonte à l’antique idolâtrie. Les Indiens sont très superstitieux et souvent ne peuvent se résoudre à abandonner le culte de leurs nombreuses divinités. Leur imagination féconde divinise une multitude de forces cachées. D’anciens monumens témoignent jusqu’à quel degré cette race a été sous l’influence de conceptions vraiment maladives. Des monstres de toutes formes remplissent ses temples et exigent des cultes divers et de cruels sacrifices. Huitzitopochtli, divinité de la guerre, couronna le sommet de la grande pyramide de Teocatli, déjà mentionnée, où un prêtre spécial, chargé de somptueux ornemens, arrachait le cœur d’une victime humaine vivante et sans défense, et l’offrait sanglant aux rayons du soleil. L’image de ce dieu cruel était aussi l’emblème protecteur de la capitale Tenochtitlan. On dit qu’aujourd’hui encore on célèbre, durant le cours de l’année, des fêtes en son honneur dans le désert.

Le peon a conservé beaucoup de ses particularités d’origine. Il parle encore l’ancien indien, en particulier la langue aztèque. Dans ses montagnes solitaires ou en ses forêts vierges, il mène à peu près la même vie qu’autrefois. Beaucoup n’ont pas de demeures et passent la nuit où ils se trouvent. Les portes cochères, les péristyles servent de dortoirs improvisés. Quoique bien doués par la nature, ces Indiens vivent, indifférens, au jour le jour : après une étude tant soit peu prolongée dans le pays, on découvre seulement que, sous cette apparente nonchalance et atonie, ils ont toujours le sang aussi chaud.

Les Mexicains contemporains, quelque aimables qu’ils