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sont égaux, et il n’y a aucune distinction juridique entre les races, les clans, les degrés, les religions.

Le président a le droit de déclarer la guerre et de conclure des traités de paix, d’accord avec l’Assemblée.

II peut être jugé par une haute cour de justice composée de neuf magistrats de la plus haute juridiction[1].

D’autres articles précisent la séparation des pouvoirs et le fonctionnement de chacun d’eux. Une assemblée de délégués des provinces se réunira à Pékin pour préparer la constitution définitive, élaborer les lois électorales ; elle exercera, dès sa réunion, le pouvoir législatif.

L’entente faite, il ne reste plus qu’à organiser la mise en scène. La dynastie était tombée en quenouille, elle joua le rôle classique du « guillotiné par persuasion. » Yuan démontra au régent et à l’Impératrice, avec toutes les formes congrues, que l’abdication s’imposait ; les princes se laissèrent persuader par de grosses pensions. Dans ce pays de tradition, il importe que la transmission du pouvoir se fasse sans interruption, sans coupure, que le régime nouveau soit l’héritier légitime de l’ancien : et c’est par un édit impérial daté du 12 février 1912 que la Chine apprend que le souverain abdique et que la République succède à la monarchie abolie ; ainsi les ancêtres sont respectés et les convenances observées. « Actuellement, déclare l’Impératrice mère au nom de l’Empereur mineur, les habitans de tout l’Empire sont partisans de la République. Les provinces du Sud ont demandé, les premières, l’établissement de ce régime, puis les généraux du Nord l’ont approuvé… Puisque le Ciel et le peuple veulent le régime républicain, comment pourrions-nous être assez obstinée pour garder notre trône contre la volonté des habitans ? En présence de la situation actuelle, d’accord avec l’Empereur, nous remettons au peuple le pouvoir souverain, nous proclamons la République pour satisfaire le peuple qui veut la paix et afin de suivre l’exemple des empereurs de l’antiquité qui déclaraient que l’Empire appartenait à tous…

«… Nous accordons à Yuan-Chekai le pouvoir dirigeant, afin que, conjointement avec les républicains, il forme un gouvernement provisoire… »

Le spectacle historique, que ce texte explique, vaut, en

  1. Le texte complet est donné par M. Farjenel (Annexe II).