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menacés. A Paris, le chiffre des nouveaux bataillons fut porté à soixante, et l’effectif fixé à 1 500 hommes ; l’arme promise fut le fusil à tir rapide. Dans les nouveaux bataillons, les officiers deviendraient électifs. On essaya de corriger ces innovations anarchiques par quelques restrictions : les anciens officiers, désignés par le gouvernement, furent maintenus en fonctions, et les officiers élus durent être choisis parmi les anciens militaires (12 août) ; mais les restrictions furent moins efficaces que les innovations.

L’urgence sur la permanence de la Chambre ne fut repoussée que par 117 voix contre 117. La majorité ne fut considérable qu’en faveur du maintien de l’état de siège. Néanmoins, en fait, trouvant probablement sa majorité trop vacillante, le ministère concéda la permanence, la subordination du pouvoir exécutif, la suppression de l’état de siège. Clément Duvernois disait : « Nous protestons énergiquement contre l’accusation de vouloir nous soustraire au contrôle de la Chambre. Nous avons, il est vrai, repoussé un comité de défense spécial, mais nous avons accepté le grand comité de surveillance et de contrôle, qui est la Chambre tout entière. Et la meilleure preuve que nous l’avons accepté avec la déférence la plus complète et la plus entière, c’est que, aussitôt arrivés au pouvoir, nous avons déclaré que nous abandonnions toute idée de prorogation directe ou indirecte. » Et Jules Brame avait ajouté : « Que nous avez-vous demandé que nous ayons refusé ? Démission du général en chef, nomination d’un général dans lequel la France a confiance, élection des officiers de la garde nationale, nous vous avons tout accordé. »

Les députés de la Gauche n’en continuaient que plus fort leur manœuvre et se constituaient de plus en plus en foyer révolutionnaire, d’où les excitations constantes se répandaient dans les masses. « L’armée que M. de Bismarck a dans Paris, écrivait Mérimée, est la plus redoutable de toutes. » Gambetta vilipendait le ministère, mettait sa parole en suspicion, « parce qu’il avait différé de vingt-quatre heures l’annonce de l’occupation de Nancy, » et renvoyait à nos successeurs l’accusation d’incapacité qu’ils nous avaient jetée : « Quand nous sommes gardés par des incapables, la consternation est légitime… » Glais-Bizoin, encore plus insolent, demande si « le Trésor continue à verser les deux millions par mois à celui qui nous a précipités