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mouvement dans l’atmosphère et dont l’importance pour la physiologie du Soleil ne le cède en rien à celle des taches elles-mêmes.

M. Deslandres a complété ces études à l’aide d’appareils spéciaux, qui, grâce au principe de Doppler-Fizeau, nous renseignent à chaque instant sur les vitesses des courans atmosphériques du Soleil (vitesse que nous n’avons pas encore le moyen de connaître optiquement dans notre propre atmosphère).

Les vitesses observées sont parfois fantastiques : on a observé ainsi récemment une masse d’hydrogène solaire attirée et comme aspirée brusquement vers une tache à la vitesse de 350 000 kilomètres à l’heure (la distance de la Terre à la Lune). De pareilles vitesses, comme aussi l’existence même de la luminescence de l’atmosphère solaire (on sait qu’on n’a jamais réussi à rendre lumineux des gaz par la seule chaleur et en l’absence d’une excitation électrique), comme aussi l’incurvation caractéristique des protubérances, ont depuis longtemps conduit les théoriciens à supposer que le Soleil est le siège de phénomènes magnétiques et électriques puissans. Il manquait à ces inductions le critère de l’expérience : celui-ci vient d’être récemment apporté par une découverte magnifique, issue directement des recherches spectrohéliographiques, et qu’il nous reste à exposer maintenant.


Il y a quelque temps, M. Hale a remarqué que, sur certains de ses spectrohéliogrammes obtenus avec les raies de l’hydrogène, ce gaz se présentait au-dessus des taches sous forme de traînées incurvées régulièrement vers celles-ci, avec l’apparence que leur aurait donnée un violent mouvement tourbillonnaire ayant son centre dans la tache elle-même. Une étude plus détaillée montra que le mouvement tourbillonnaire de l’hydrogène incandescent était bien réel, et on put même surprendre parfois des masses gazeuses violemment aspirées, comme nous l’avons vu, vers le centre de la tâche. Cette constatation était fort intéressante en soi, puisqu’elle assimilait l’atmosphère solaire au-dessus des taches aux tourbillons, tornades et cyclones de notre propre atmosphère. Il n’y avait rien là qui pût étonner. C’est pourtant de ce simple fait d’observation que le génie de M. Hale, par une chaîne étroitement serrée et merveilleusement combinée d’expériences et de raisonnemens, a tiré une des plus jolies, une des plus suggestives découvertes de l’astronomie moderne : celle du magnétisme des taches solaires, et du champ magnétique de tout le Soleil. Voici comment.