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MM. les Belges nous donnent aussi du fil à retordre : ils sont vraiment insupportables, exigeans et mauvaises têtes, et tout cela parce qu’ils comptent sur le parti libéral, ou pour mieux dire révolutionnaire, en France. Ils espèrent forcer le roi Louis-Philippe à se ranger du côté de la Belgique et allumer ainsi, entre la Belgique et la Hollande, une guerre d’où résulterait infailliblement la guerre générale, si la France prenait fait et cause pour la Belgique contre le roi des Pays-Bas.


29 décembre. — Depuis quelque temps, nous sommes tous dans l’admiration de Mlle Rachel, jeune personne de dix-huit ans, qui réunit à une grande simplicité un immense talent de déclamation lyrique. Elle joue d’inspiration et produit, par son jeu admirable, un effet merveilleux, d’autant plus étonnant qu’elle a tout contre elle, ’son organe, sa figure, sa taille petite et chétive.

Mlle Mars, qui ne manque jamais une occasion d’être méchante et envieuse, a tout fait pour perdre ce talent naissant. Elle a commencé, d’abord, par déclarer qu’elle ne permettrait jamais que Mlle Rachel jouât dans un drame moderne, pas plus que dans les tragédies nouvelles, elle l’a reléguée dans les rôles joués autrefois par M, le Duchesnois, croyant ainsi la perdre, vu que, depuis la retraite de M, le Duchesnois, chaque fois qu’on donnait une de ces anciennes tragédies, la salle restait vide.

Quels n’ont pas été son étonnement et sa rage lorsqu’elle a constaté qu’en voulant faire tort à Mlle Rachel, elle lui a fait, au contraire, un bien infini. La salle est comble chaque fois que Mlle Rachel paraît dans ces anciens rôles ; jamais le théâtre de la Comédie-Française n’a fait de meilleures affaires qu’en ce moment. Ce qui chagrine bien plus encore Mlle Mars, c’est que, lorsqu’elle joue dans les nouveaux drames ou dans les anciennes comédies, le théâtre est bien moins rempli que lorsque Mlle Rachel joue dans Bajazet ou autres tragédies qui, depuis longtemps, étaient rayées du répertoire.

Mme Alfred de Noailles et autres dames de la société la font venir, pour lui faire réciter des scènes. Elle y va avec sa mère et accompagnée de Samson dans lequel elle a grande confiance. Jamais elle ne joue un rôle nouveau, sans l’avoir répété préalablement avec cet acteur. La tenue de Mlle Rachel dans les salons est parfaite, c’est celle d’une jeune fille simple et décente. Elle est tellement préoccupée de son rôle qu’elle n’a l’air ni de voir,