Le séjour de Mme de Staël à Weimar marque une des époques relativement heureuses de sa vie. C’est sa période presque de gloire. L’accueil flatteur qu’elle allait y recevoir, — et c’était bien, elle-même en convient, un des buts qu’elle poursuivait en entreprenant ce voyage en Allemagne, — devait faire contraste avec la malveillance et la proscription dont elle était victime en France.
La petite cour de Weimar, au milieu des agitations de l’Allemagne encore féodale que l’esprit de la Révolution française commençait à soulever, constituait une sorte d’oasis pacifique et poétique où un despotisme paternel s’accordait avec l’amour des lettres. Le duché[2]de Saxe-Weimar, grand comme un de nos moyens départemens français et ne comptant au commencement du XIXe siècle qu’une centaine de mille d’habitans, avait longtemps vécu sous la régence d’une femme, la duchesse Amélie, née princesse de Brunswick. Veuve à dix-neuf ans et