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systématiques et les raies d’un élément chimique donné fournissent le long d’un même parallèle des vitesses linéaires plus grandes que celles d’un autre. Cela provient évidemment de ce que le premier élément se trouve dans une couche atmosphérique plus élevée au-dessus de la photosphère solaire que le second, et c’est ainsi que l’on a entre les mains un moyen commode de déceler l’altitude des couches qui renferment les divers élémens chimiques. En particulier et tout récemment, on a découvert, parce procédé, à l’observatoire de Mount Wilson (Californie), qu’il y a des masses énormes de calcium gazeux très au-dessus des couches qui fournissent les raies solaires de l’hydrogène, et ceci en dépit de la légèreté bien plus grande de ce dernier gaz. Nous verrons commentée fait a été établi aussi au moyen d’une autre méthode très 1ingénieuse et qui, entre les mains de M. Deslandres, a donné à l’observatoire de Meudon des résultats tout à fait remarquables.

Mais de tous ces faits étranges que nous révèle la rotation solaire, le plus paradoxal a été mis en évidence, il y a quelques mois, par un astronome néerlandais, M. Hubrecht, toujours par la méthode des vitesses radiales. Grâce à des précautions minutieuses, cet astronome a réussi à augmenter notablement la précision des mesures et il a découvert que les deux hémisphères du Soleil tournent dans leur ensemble avec des vitesses différentes, et l’hémisphère Nord notablement plus vite que l’hémisphère Sud. Quelle est la cause de cette bizarre dissymétrie ? On n’en sait rien encore, mais il faut s’attendre à voir bientôt, — comme pour tout fait nouveau, — surgir, si j’ose dire, la longue théorie des théories explicatives aussi nombreuses qu’incertaines.

Les études les plus récentes sur les taches solaires ont montré que leur spectre diffère à plusieurs égards de celui de la photosphère environnante. D’abord il est moins brillant, proportionnellement surtout du côté violet et moins du côté rouge. On peut expliquer de plusieurs manières la faiblesse relative des petites longueurs d’onde dans le spectre des taches : ou bien elle est due, conformément à ce que nous avons expliqué à diverses reprises, à ce que les taches sont à une température plus basse que la photosphère ; ou bien elle est causée par une absorption plus grande de l’atmosphère au-dessus des taches (on sait que l’absorption atmosphérique s’exerce surtout sur les faibles longueurs d’onde) ; ou bien elle est due aux deux causes réunies. Il est probable, en tout cas, que la première des causes invoquées s’exerce efficacement. Cela résulte de ce que nous allons voir. Les raies noires visibles dans le spectre des taches et qui sont dues